Jusqu’au bout, empêcher le pire !

le 11 septembre 2013

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La pression des opinions publiques, majoritairement opposées à des frappes militaires contre la Syrie, contribue à peser en faveur d’un intense travail diplomatique. L’acceptation par Bachar El Assad d’une proposition américano-russe de placer ses armes chimiques sous contrôle international confirme que des solutions politiques existent. Une situation nouvelle se crée qui peut empêcher le recours à une option militaire. Reste maintenant au régime syrien à offrir  suffisamment de garanties pour permettre un contrôle strict de ses stocks d’armes et de leur destruction.

Le récent sommet du G20 avait isolé la diplomatie française et américaine. Le texte de onze pays, auquel s’est finalement associée l’Allemagne, déclarant qu’ils souhaitent « une forte réponse internationale » est abusivement utilisé pour laisser croire qu’ils choisiraient l’option militaire alors que chacun sait qu’ils y sont opposés. N’est-ce pas ce qu’expriment, quand ils sont consultés, leurs parlements et partout leurs concitoyens ?

L’évolution de la situation prouve que seules des initiatives diplomatiques et politiques audacieuses empêcheront la mise en place d’un puzzle aux couleurs si sombres qu’il pourrait déboucher sur une catastrophe encore plus dévastatrice que l’actuel drame syrien. Le règlement du conflit passe par une discussion soutenue avec Moscou et Téhéran. L’ONU ne doit pas est mise de côté. Son secrétaire général, comme le pape, exhortent à rechercher d’autres voies. L’initiative solitaire de la diplomatie française ne fait que montrer encore plus l’inefficience, voir l’inexistence de l’Europe, alors que le Président permanent du Conseil européen, a, lui aussi, appelé à rechercher une solution politique. Le dictateur sanguinaire de Damas peut regarder tout cela avec une certaine satisfaction d’autant plus que pendant  ce temps, la haine se répand davantage encore en Syrie, entre groupes différents. Le régime despotique d’Assad réorganise ses capacités de défense, met en place des boucliers humains et, des fractions de ce que l’on appelle « la rébellion » syrienne, comptent s’appuyer sur des frappes militaires occidentales pour en découdre. Loin d’apaiser les tensions, loin d’ouvrir la voie à une solution diplomatique, des frappes militaires ne feraient que favoriser une radicalisation extrême de chacune des parties en présence. Tout doit être fait pour que la dynamique militaire à l’œuvre soit stoppée.

Ceux qui prétendent protéger le peuple syrien par des frappes militaires, risquent de créer une situation bien pire que le mal qu’ils affirment vouloir traiter. Et les variations françaises et américaines sur les objectifs de ces frappes de missiles, qui tantôt viseraient à « abattre » B. Al Assad, tantôt à le « punir », d’autres fois à « dégrader significativement ses capacités militaires », non seulement sèment le doute, mais renforcent le régime syrien et ses alliés. En quoi, des « frappes limitées » dissuaderaient-elles le régime dictatorial de Damas qui se dit prêt à tout, donc au pire, pour se sauver, de massacrer les populations et d’exporter la guerre dans la région et au-delà. En quoi une opération militaire décidée hors du droit international influerait-elle sur le dirigeant syrien qui précisément bafoue ce droit jusqu’à l’extrême ? Personne n’a produit une évaluation sérieuse des dégâts collatéraux sur la population civile d’une campagne de frappes, ni de la grosseur des métastases qui se propageront dans toute la région et au-delà.

L’expérience de la Libye nous enseigne que d’une opération destinée à l’origine à créer des zones d’interdiction aérienne pour protéger les populations civiles contre de possibles massacres, s’est terminée dans un bain de sang, par l’exécution de Kadhafi  sans aucun procès et un pays en lambeaux. En Syrie, le même scénario amplifié se développerait parce que nous avons dépassé le stade de la simple guerre civile pour rentrer déjà dans un conflit régional, avec implications impérialistes de grandes puissances,  sur le territoire syrien lui-même. Là s’affrontent sunnites et chiites comme dans tout le Moyen-Orient, armée syrienne libre, forces kurdes, groupes liés à Al-Qaïda. Là s’affrontent des pays, Qatar, Arabie Saoudite, Russie, Etats-Unis, Hezbollah libanais, Iran…

Non ! Mille fois non aux frappes militaires qui ajouteraient du sang versé et des destructions au sang qui coule chaque jour ainsi qu’aux ruines qui s’amoncellent. Un consensus pourrait être trouvé pour une politique de sanctions sévères contre la famille Assad, du gel de ses avoirs, à l’embargo, ou à l’interdiction de voyager. Il pourrait, avec les principaux cadres militaires, être traduit pour crime de guerre et de crime contre l’humanité devant la Cour pénale internationale. Rien ne dit que la Russie et l’Iran n’accepteraient pas un système de transition, dés lors qu’ils seraient assurés que leurs intérêts géostratégiques ne seraient pas mis en cause. Rien ne dit dès lors que le Conseil de sécurité de l’ONU et son Assemblée générale ne pourraient pas enfin  jouer le rôle indispensable qui est le leur pour trouver un autre chemin que celui du violent orage guerrier qui menace et celui d’une transition démocratique en Syrie à partir de l’implication des syriens eux-mêmes.

C’est à cela que la France devrait travailler en jouant un rôle conforme à ses meilleures traditions, celles d’une médiation entre toutes les parties en conflit, au lieu de brandir la boîte d’allumettes prête à allumer l’incendie.

Notre pays doit tenter de réactiver le processus dit de « Genève II » qui est le lieu envisagé d’une discussion sur la transition politique. Il n’y a pas d’issue sans rechercher un compromis qui soit favorable au peuple syrien, sans chercher à remettre en cause par la force les intérêts que les puissances engagées directement ou indirectement dans le conflit considèrent comme vitaux pour elles. La France a tout à perdre à s’associer à une stratégie dont l’objectif inavoué serait de faire passer la région d’une domination à une autre. Elle ne doit pas faire le jeu du pire, d’un pire qui concerne chacune et chacun d’entre nous.

Le visage et la voix de la France officielle dans le Proche et le Moyen-Orient et sans doute ailleurs seraient défigurés pour longtemps. M. Hollande, en conscience, nous vous le disons : Arrêtez ça ! Ne salissez pas l’idéal socialiste dans le feu, le fer et le sang ! N’abimez pas l’image de notre République française dans le monde !

Humanité Dimanche


5 commentaires


Abou oumyima 11 septembre 2013 à 15 h 51 min

Une intervention de la France en Syrie ,sous l’étendard socialiste serait tout simplement faire oublier aux français qu’ils avaient des hommes tel que Jean Jaures…

Lo Piccolo 11 septembre 2013 à 21 h 20 min

Bonjour Patrick,il est sûr que les opinions publiques ont joués un grand rôle, avec la diplomatie pour l’acceptation, par Bachar El Assad de placer ses armes chimiques, sous contrôle international,le régime de Bachar doit maintenant, donner des garanties pour le contrôle de ses stocks, mais je pense aussi qu’il doit, lui aussi avoir des garanties, que se soit fait correctement des deux côtés, que cela ne fasse pas comme en Libye, ou les occidentaux, ont largement violés les accords de l’ONU,” c’est eux les patrons” comme le soutient Bachar si ce n’est pas lui, qui à fait cet horrible tuerie, il est en droit je pense de revendiquer une sécurité lui aussi,tant qu’on aura pas la vérité des experts de l’ONU;Les occidentaux sont bien plus rapides, à vouloir punir les gouvernants des pays en voie de développement, et souvent en les conduisent, au tribunal international, mais entre eux ils se soutiennent et on a pas vu encore un dirigeant des pays développés être envoyé au tribunal international!! seraient ils tellement honnêtes et infaillibles?? vous parlez de Dictateur sanguinaire!! pourtant ce soir en regardant antenne2, une grande majorité de CHRETIENS, se sont rangés derrière bachar El Assa!!!Pour une fois nos journalistes ont montrés un peu la vérité , en Amérique Latine, depuis le début des hostilités, ils attribuent la faute aux occidentaux, d’avoir mis de l’huile sur le feu en sabotant le genève2 que bachar avait accepté, j’avais déjà vu et entendu ce que j’ai écouté ce soir, j’ai même pu lire dans un sondage que 80% du peuple s’était rangé derrière leur Président,par peur des Islamistes qui ne veulent pas chez eux, les traitant de sauvages et criminels, je l’ai ai vu même, quand ils partaient faire des boucliers humains,pour ne pas qu’on leur détruise leur pays d’avantage, je leur donne tout à fait raison, parce que les frappes” précises qui tuent à l’aveugle” allaient détruire et faire bien plus de morts, que ceux qu’il y a malheureusement déjà,sur cette télévision Latino, qui est de loin beaucoup plus explicite que chez nous, j’ai aussi pu voir avec des explications,ce que ce disaient tous ces grands du monde,de toute évidence, ils sont pratiquement tous contre ces frappes et la guerre en général, ils ont trop souffert de l’ingérence des EE- UU c’est pour çà qu’il sont absolument contre le néo-libéralisme,je crois que les Etats – Unis ne pourront plus leur changer leurs dirigeants, selon leur volonté, ces peuples ont ouverts les yeux et ils veulent être les maîtres chez eux,je suis moi même totalement contre l’ingérence dans les autres pays, parce que finalement, c’est le pouvoir du plus fort qui s’applique toujours,chaque pays doit avoir le droit de vivre comme il l’entend chez lui, et s’il y a des bavures, ce n’est pas d’autre pays qui doivent pouvoir s’immiscer dans leur affaires intérieures de leur propre autorité,il faudrait refonder l’ONU, pour qu’il soit plus impartial et plus juste, sur 193 pays seulement cinq ont le droit de faire la pluie et le beau temps chez les autres,de quel droit on veut abattre ou punir Bachar,tous ou presque journalistes suivent le mouvement des chefs, pour rester dans le contexte libéral suivent les dirigeants les yeux fermés,n’y a t’il pas d’autres dictateurs dans cette région,et peut être plus sanguinaires que ce président,je ne veux pas le défendre, parce que il a installé un pouvoir personnel et je suis contre ça, mais j’essaye d’être juste, parce que il y a d’autres dictateurs, qui sont installés par nos propres dirigeants, qui ne se préoccupent pas, du mal qu’ils font du moment qu’ils défendent leurs intérêts, !!!bon pour finir j’espère de tout mon coeur que ce massacre supplémentaire n’arrivera pas, et que les peuples du monde sauront mettre un frein à à toute tentatives de vouloir revenir aux frappes barbares;TOUS LES EFFORTS POUR LA PAIX ce pays à déjà trop souffert de toutes ces ingérances.Alfred.

Lo Piccolo 11 septembre 2013 à 21 h 50 min

Abou oumyima,JAURES était une autre dimension, que ceux que nous avons,qui n’ont rien de Socialiste,un vrai (SOCIALISTE )est tout à fait contre la guerre,et aussi pour améliorer le sort du peuple,hors avec ce qu’ils sont entrain de faire on fait un recul social d’au moins 80 ans,une France entièrement ruinée en 1945,à réussi à faire un société plus juste que celle qu’on nous fabrique “maintenant” que le pays fait parti des 5 nations les plus riches du monde,c’est vrai qu’ils s’occupent plus de faire prospérer les plus riches,et saigner les plus pauvres “ils sont plus nombreux”c’est une honte quand on compare les salaires de ces gros pontes,je ne sais pas combien d’années il faut à un smicard pour arriver à la hauteur,mais ce n’est pas là qu’il faut puiser,on les ferait s’enfuirent!!!,on peut bien mesurer'( maintenant la différence des promesses électorales et la réalité des choses) et malheureusement ce n’est pas la première fois que cela arrive, les peuples sont vraiment aveugles de revoter pour des politiques qui ne pensent qu’à leur biens personnel ya quà voir leurs salaires mirobolants est-ce que leurs ventres ou estomacs sont plus importants que ceux des pauvres??? Alfred.

BUECHER 11 septembre 2013 à 23 h 07 min

oui, l’opinion publique a fait retourner Obama et rendre encore plus lamentable Hollande. Ce petit va-t-en guerre vient de salir la France dans le monde. Certes rien n’est gagné définitivement, mais les efforts pour la paix doivent se poursuivre, c’est le seul moyen d’aider le peuple Syrien.

ROLLAT Danielle 12 septembre 2013 à 15 h 44 min

Pas Vous, et pas çà !Ecoutez la voix des Peuples !
Non à la voix des armes, oui à la diplomatie et à la négociation !

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