Henri Alleg : un homme libre.

le 19 juillet 2013

Photo Henri Alleg

Nous pleurons un ami très cher, un camarade, un combattant de la liberté, un homme aux grandes qualités humaines, à l’exquise bonté : Henri Alleg rescapé de l’enfer de la torture des colonialistes français. Il portait en lui, avec ses yeux rieurs et doux, une telle fraternité! La vie du jeune Harry Salem, aura été celle d’un citoyen du monde. Né à Londres dans une famille de Juifs russe et polonais qui ont fuit les pogroms pour s’installer en France. Puis à l’automne 1939 il opte pour l’Algérie alors que le fascisme déploie ses hideuses tentacules sur l’Europe. C’est au nom de cette ouverture à un monde, à une Algérie débarrassée de toute domination de classe et de race qu’il exècre le colonialisme.

Dès son installation dans cette Algérie « française », monte en lui le refus de cette frontière, certes invisible mais bien réelle, qui sépare le monde des européens, citoyens français et celui des Algériens, étrangers dans leur pays. La violence de cette injustice raciale lui ouvre le chemin du militantisme à la jeunesse communiste clandestine, puis au Parti communiste algérien.

Puisque la libération de l’Europe du nazisme ne libère pas l’Algérie de la domination et de la colonisation française, Harry, devenu Henri Alleg, fait de sa plume acérée  une arme de combat dans les années cinquante pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression du colonialisme. Devenu  directeur de « Alger Républicain », maintes fois saisi et censuré, puis interdit,  Henri Alleg est contraint à la clandestinité, puis arrêté. C’est l’Humanité alors qui publie ses articles. C’est notre journal encore, au prix de censures et de saisies, comme le 30 juillet 1957, qui publie le récit glaçant des scènes de torture qu’il subit, écrit du fond de sa prison. Son livre, “La question” était né dont le retentissement fit l’effet d’une bombe. Depuis très longtemps entre l’Humanité et Henri Alleg, tout n’est que complicité, amitié, respect. Il en devint un journaliste reconnu, puis son secrétaire général de nombreuses années.

Il y restera toujours très attaché, participant, à nos publications, aux débats des fêtes de l’Humanité, et à de nombreuses initiatives de l’association des amis de l’Humanité. Jamais il n’aura baissé la garde dans le combat pour la vérité ,la justice et la paix. Henri était tout a la fois un militant communiste, un journaliste et un écrivain qui nous laisse une belle œuvre. Au cours de l’année 2000, il signera l’appel dit des « douze » « pour la reconnaissance par l’Etat français de la torture » aux côtés de Germaine Tillion auquel l’Humanité avec Charles Sylvestre donneront un grand écho.

Le peuple et le mouvement progressiste algérien perdent un grand ami, un grand combattant de sa cause, de celle de la liberté et de l’anti racisme.

Le meilleur hommage que pourrait lui rendre aujourd’hui même l’Etat français serait de reconnaître enfin officiellement la torture en Algérie et les crimes de guerre. Ce serait aussi d’ouvrir les archives pour qu’éclate la vérité sur le sort du jeune  mathématicien  communiste Maurice Audin, arrêté la veille de Henri Alleg.

L’Humanité et ses amis perdent un camarade « engagé » qui jusqu’au bout aura poursuivi sa quête d’un monde » de femmes et d’hommes libres, égaux et associés » qu’il identifiait au communisme.  Ses combats  d’une brulante actualité resteront les nôtres.


11 commentaires


Anonyme 19 juillet 2013 à 13 h 17 min

Cher camarade,

Je ressens une profonde émotion par rapport à la disparation de notre camarade Henri Alleg que j’ai eu l’occasion de rencontré au travers des différentes rencontres organisées par les “amis de l’huma” impulsées par notre ami Charles Sylvestre.

“Comme nous le dirons pour “Madiba” lorsque le jour viendra, en solidarité avec l’ensemble du peuple africain, Henri est “rentré à la maison”.

Pour autant, la porte de la maison, ne se refermera jamais, car ce qu’il nous “lègue” est à jamais indélébile. Combat pour la paix (que certains d’entre nous, trop nombreux hélas, aujourd’hui oublient face au néocolonnialisme ambiant. Son soucis permanent d’anticolonnialisme, sa conception de l’universalisme et son inébranlable “positivité” même lorsque ses tortionnaires se sont acharnés sur lui.
Je garderais en mémoire son sourire, sa chaleur,son profond respect pour ses camarades comme nous et sa volonté de transmettre pour nous éclairer. Merci Monsieur, je vous pleure.

Bernard 20 juillet 2013 à 8 h 10 min

Je pense qu’il faudrait une campagne de pub trés longue sur Ambroise Croizat, sur l’Huma

JP Réau 19 juillet 2013 à 14 h 37 min

Henri Alleg était aussi présent à la Fête de l’Huma au Village du Livre , simplement prêt à discuter avec tous , comme un auteur parmi d’autres .
Mais lire son nom sur l’étiquette était une émotion .
Il aimait à échanger avec toujours cette force de conviction et cet esprit de résistance .
Condoléances à sa famille et notamment son fils Jean Salem .

Carpentier 19 juillet 2013 à 18 h 14 min

J’ai lu son livre “la question”, livre très édifiant et poignant qui ne laisse pas le lecteur indifférent. J’ai eu l’honneur de le rencontrer lors d’une cérémonie de remise de médaille au titre de chevalier de la légion d’honneur d’un très grand homme. Henri Alleg était un homme simple, un homme du peuple, un grand humaniste, un militant. Ses yeux rieurs cachaient la souffrance et la torture dont il avait était victime.

« La mort est le commencement de l’immortalité. »
Robespierre

Blondin Patrice 19 juillet 2013 à 21 h 02 min

J’ai eu l’occasion d’accueillir Henry pendant quelques mois à la fin des années 1970 à Etretat. Mon émotion est grande. Le grand livre de sa vie s’est refermé mais je garderai toujours l’image de cet homme, si fort, si simple et si humain.D’aucuns auraient aimé l’empêcher de parler, mais ces écrits sont là. A nous de les diffuser encore plus largement.Un exemple pour tous !
Condoléances à sa famille

nocentini 20 juillet 2013 à 8 h 52 min

qui était au pouvoir en France pendant la guerre d’Algerie? ça explique
peut-être le silence d’aujourd’hui non???

Tardy 21 juillet 2013 à 20 h 52 min

je suis très émue et très peinée de la mort d’Henri Alleg.Je n’avais que 15 ans quand son livre “La question” a déclenché mon engagement communiste.J’ai lu ce livre polycopié (encre mauve),j’en avais plein les doigts ,mais ce livre au début a été lu “sous le manteau” car étant interdit .Plus tard j’ai pu l’acheté et je l’ai toujours dans ma bibliothèque .

Lacourière Anne-Marie 31 juillet 2013 à 10 h 49 min

Oui, ma pensée va également à son fis qui a su poursuivre les engagements de son père. Il y a peu, j’avais eu le bonheur d’assister à un forum à la Fête de l’Huma où il intervenait, ce qui m’avait permis de l’écouter avec émotion. Puisse son engagement continuer à être salué.

ʚïɞ.com 9 décembre 2013 à 14 h 52 min

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Je suis en cours de prendre connaissance de Mémoire algérienne, l’Histoire, avec un grand H, est présente à chaque page, claire. Henri nous éduque, nous livre ses vues…
De cette lecture, je sens bien que j’en sortirai grandi.
Je vous encourage à cette lecture.

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