Etre fidèle à Jean Jaurès

le 31 juillet 2014

Image Jean jaurès

 

En ce centième anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, « ce héros mort au devant des armées », une longue procession de personnalités, habituées à le citer à la fin des banquets, de récupérateurs, de manipulateurs de sa pensée, se déploie dans la grande sphère médiatique, bien loin des idéaux du fondateur de “L’Humanité” et député du Tarn.

 

Beaucoup font semblant de le pleurer pour mieux continuer à encenser Clémenceau tout en se retrouvant le plus souvent du côté des fauteurs de guerres aux quatre coins du monde. Jaurès, lui, jusqu’à son dernier souffle, aura tout fait pour éviter le déclenchement de cette boucherie qu’a constituée la première guerre mondiale. Il n’aura cessé de montrer qu’elle n’était  motivée que par des volontés de domination impérialiste, l’appât de gains financiers et la conquête de territoires.

 

Ceux qui, au sommet de l’Etat, ont eu cette idée saugrenue d’honorer en un seul jour tous les morts pour la France nourrissent toutes les confusions. Comment, en effet,  commémorer dans le même élan le sanglant et absurde carnage de 1914 et le conflit où les démocrates durent à la fin des années 1930 affronter « la bête immonde » du nazisme ? A tout confondre, on brouille sciemment les repères, on perd la France et on égare nos concitoyens. Les mêmes dirigeants français qui, au gré des fades alternances, ont accepté l’affiliation de l’Union européenne à l’OTAN et rétabli notre pays dans le commandement intégré de cette machine de guerre, qui ont poussé à des aventures militaires hasardeuses,  n’ont tenu aucun compte  de ce fulgurant message de Jaurès lancé à la face du monde : « Donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises. En la donnant, on la retire. »

 

Et que dire de cette attitude présidentielle qui tourne le dos au meilleur de l’action de la France quand elle transforme l’occupation militaire israélienne et la colonisation en un banal « conflit de voisinage », qui établit une aberrante symétrie entre Israéliens et Palestiniens, cachant cette donnée fondamentale : il y a là-bas un colonisateur et une population qui subit la violence de la colonisation. La France de Jaurès agirait avec énergie à partir des résolutions des Nations-Unies pour faire taire d’urgence le fracas des bombes qui tuent dans leur lit et dans les écoles les enfants palestiniens. Au-delà, la France de Jaurès travaillerait sans relâche à la réunion d’une conférence internationale pour la justice et la paix au Proche-Orient, pour placer le peuple Palestinien sous protection internationale et pour permettre l’existence de deux Etats;  un pour les Palestiniens dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, l’autre pour les Israéliens leur garantissant le droit légitime à la sécurité.

 

Se réclamer de Jaurès c’est se placer au-dessus de soi pour faire vivre l’intérêt commun dans un humanisme qui s’incarne dans la réinvention d’une république sociale, laïque, démocratique. C’est rechercher les moyens d’unir les forces indispensables pour entamer « ces grands changements sociaux qu’on nomme les révolutions » qui « ne peuvent pas ou ne peuvent plus être l’œuvre d’une minorité ».  Au moment où les multiples crises d’un capitalisme mondialisé et financiarisé font vaciller le monde, générant de nouvelles inégalités, surexploitant les hommes et la nature au point de menacer les écosystèmes, les récupérateurs de Jaurès devraient méditer cette sentence: «  Il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples,  c’est d’abolir la guerre économique ». Cela les conduirait à cesser les négociations, conduites dans le plus grand secret, autour du Traité transatlantique. Ceux qui s’attachent à commémorer Jaurès pour mieux le « vitrifier » veulent le rendre inoffensif ; cacher sa passion dans l’action, pour la justice sociale et l’égalité réelle, la complexité et la modernité de sa grande œuvre.

 

Celle-ci porte le nom du combat patient et acharné pour l’unité socialiste et populaire. Elle montre aussi le chemin de la transformation sociale, sociétale, écologique dans le cadre d’un processus unitaire, « ce que Marx a nommé magnifiquement l’évolution révolutionnaire » écrit-il en octobre 1901.  « Elle consiste, selon moi, à introduire dans la société d’aujourd’hui des formes de propriété qui la démentent et qui la dépassent, qui annoncent et préparent la société nouvelle, et par leur force organique hâtent la disparition du monde ancien ». La politique gouvernementale tourne précisément le dos à cette recommandation, installant la prédominance des thèses les plus libérales et antisociales. Loin de l’idée jaurésienne selon laquelle la République démocratique doit changer de nature, de base économique, de contenu social et écologique par le changement du rapport des forces politiques et sociales. Ce devrait être selon Jaurès «  une période mixte où les germes de la démocratie qu’avait neutralisée l’influence prépondérante de la bourgeoisie se développeront sous l’action prolétarienne. Ce sera une période de transition et de préparation où la classe ouvrière organisée commencera à entrer en partage de la puissance économique (…), où la classe ouvrière complétera son éducation économique en vue de l’ordre communiste ».

 

Que tout ceci soit médité par tous les militants et sympathisants de gauche dans les prochaines universités d’été serait le meilleur hommage qui puisse être rendu au fondateur de notre journal. Un hommage d’une grande actualité qui réaffirmerait avec force que la gauche, pas plus aujourd’hui qu’hier, n’a vocation à être la béquille du capital en crise.  Elle doit offrir, en association avec un ample mouvement populaire, les moyens des transformations radicales, démocratiques pour le bien commun humain et écologique.

 

Dans son éditorial fondateur de “L’Humanité”, Jaurès  exposait une conception neuve de la presse, faisant du peuple, de ses combats et de ses espoirs, de sa soif de connaissances et de culture, le cœur du journal.  Aujourd’hui encore nous voulons relever ce redoutable défi de «  donner à toutes les intelligences libres, les moyens de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde ». Quelle modernité! Faire vivre “L’Humanité” et le pluralisme de la presse est plus que jamais d’actualité dans la puissante guerre idéologique. Jamais “l’Humanité” n’a pu vivre sans une osmose, une action commune de ses équipes et des lecteurs pour élargir son audience et sa diffusion. N’est-ce pas la plus haute marque de fidélité à l’œuvre vivante de Jean Jaurès ?

 


19 commentaires


Le.ché 31 juillet 2014 à 17 h 19 min

C’est sur que Hollande n’est pas l’héritier de Jaurès, Hollande est le valet du capital et un bon serviteur pour les riches, cela n’a rien à voir avec Jaurès.

LE LONG Firmin 31 juillet 2014 à 18 h 22 min

mettons toutes nos forces pour mettre fin à cet incroyable acceptation et l’inertie de nos gouvernants face à l’inimaginable et effroyable barbarie du gouvernement israélien à l’encontre du peuple palestinien

Marie-Christine Soto 31 juillet 2014 à 18 h 37 min

Oui Lelong

Lacorte Meche

Max André 31 juillet 2014 à 19 h 45 min

Votre nom a un o de trop.

Soto 10 août 2014 à 15 h 47 min

LE MEPRI N,AURA QU,UJN TEMPS.

Lacourte Meche

alain harrison 17 août 2014 à 21 h 16 min

«« « Il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre économique ». »»

Le vrai motif de tout conflit, que ce soit la guerre ou aujourd’hui: les guerres circonscrites (W. Busch…..et son nouvel ordre mondial: vous êtes avec moi ou…)est tout simplement de mettre la main sur les ressources de l’autre: aujourd’hui l’afrique….
La logique néo-libérale n’est pas dans la paix.
Philosophie de guerres préventives, humanitaires, etc.

Le politique est la clef. Pour un temps encore, après ce sera L’OMC, les banques….

Le temps nous est compté.
Démocratiquement ou par conflit très dur.

Jaurès:
Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production.

Prenons le pouvoir démocratiquement partout où il est.
Politique, emploi, action citoyenne,pourquoi pas une banque citoyenne coopérative.

Établir des priorités à mettre en place systématiquement. il ya des initiatives, il y a des expertises, nous ne partons pas de rien.

Action citoyenne:
Le Trait dit :

1 juillet 2014 à 22 h 46 min

Bonsoir,
Militante au PG, ayant compris le danger, bien avant le vote FN, j’ai, en mon nom propre et sans reprendre aucun titre, lancer des Ateliers Constituante, déjà trois, parfaitement réussis, avec aussi des participants qui se sont eux même lancés, ils en font à plus de 60 et même 135 km d’ici, cela commence à faire tâche d’huile.
C’est d’autant plus important de travailler à reconstruire la Démocratie réellement, que c’est aux citoyens, trompés par des élus traîtres à la Gauche, qu’il appartient et à eux seuls de refaire la Constitution.
C’est la loi des lois, celle qui doit régir les actions de nos élus et ce n’est donc pas à eux de la faire ou de la modifier, surtout à leur profit et en parfaite accord avec l’Europe dont les citoyens ne veulent plus.
Nous devons être prêt pour une 6ème République, qui rendra sa confiance au Peuple et sera placée sous son unique contrôle, c’est à nous de rétablir la Démocratie.
http://patrick-le-hyaric.fr/les-forces-du-capital-sont-au-combat/#comment-6552

Max André 31 juillet 2014 à 19 h 48 min

L’individu qui utilise le nom de Jaurès ne vaut pas qu’on s’occupe de lui. Il ne mérite que le mépris.

moret 31 juillet 2014 à 21 h 02 min

Et c’est auprès de ces gens là que vous réclamez des strapontins électoraux…. Tristes collabos…
Un ex…. vétérans…
Pierre

colombe 8 août 2014 à 3 h 08 min

Lire le Manifeste du Parti Communiste , page 69.”Attitude des communistes envers les autres partis”.
Marx prend tout ce qui va de l’avant dans le sens de l’intérét général,meme si cela vient de la droite.
Marx est dialecticien et matérialiste au sens philosophique. Il ne perd jamais de vue la perspective.

novelli robert 1 août 2014 à 8 h 43 min

NON? Hollande n’a pas le droit de prononcer ne serai ce que le nom de Jean Jaurès car il n’a rien a voir avec ce grand socialiste lui ces la grande ordure traitre et menteur il n’a même
pas lever le petit doigt pour la Palestine malgré les massacres aujourd’hui je vais a une manif pour que la PALESTINE soit sous protection internationale l’humanité toutes entiere et en danger

Burghgrave 1 août 2014 à 14 h 20 min

Quel décalage et d’années perdues dans la construction du vrai Socialisme en France. Quel manque d’éducation politique et d’engouement à vouloir en faire de la part des citoyens Français .Même les élus font que de la gestion , mais leur rôle serait bénéfique ,concret réaliste à former politiquement. Sans formation politique , il est difficile de vouloir envisager le véritable changement si ce n’est que d’être influencés par la com des médias sachant ce qu’ils représentent. Y aurait-il un fossé sur les vues des actions entre les simples militants et les élus absorbés par les réunions dans les collectivités territoriales ,administrations , assemblée , sénat et autres. J’ai savouré l’article de Patrick Le Hyaric.

alain harrison 7 août 2014 à 22 h 50 min

Bonjour

Les partis politiques sont remplis de sbires, d’intérêts personnels, d’affairistes, de nostalgiques de toutes tendances.

Il faudrait que les citoyens de toutes communautés qui ont compris que le danger vient de la récupération au mille visages, se rencontrent et parlent des vrais sources des problèmes qui nous accablent tous.
Qu’ils cherchent les vrais solutions à partir desquelles le parti citoyen verrait le jour.
Le message centrale ne serait-il pas celui-ci:

Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production.

Ne parle-t’il pas des solutions autour desquelles les citoyens conscients devraient s’unir.
Est-ce si difficile de comprendre qu’il n’est aucun besoin de dialectiques compliquées pour faire un monde harmonieux, mais de solutions bien articulées. Voulons-nous du réel ou des dialectiques étourdissantes cachants des agendas… Avons-nous appris du siècle dernier.
Et, face à la pensée unique que beaucoup ont incorporée sans le savoir !?!?
«« je suis une ressource disposable, mais si je gagne la course de l’employabilité, je serai récompensé, une propriété sur le bord de mer allo équateur. Le néo-colonialisme qui a pris le visage de la mondialisation, la pensée unique et sa main invisible, a fait bien des convertis:le tourisme, si charmant…. HA! la PUB, ce nouveau leitmotiv,..les allant de soi!

La toile de l’araignée est bien collante. On pourrait dire qu’elle nous unis tous sur le même plan: l’uniformisation des gens des cultures, des cultures (alimentaires)…

Le revenu de base couplé aux coopératives autogérées à temps partagé.
Le potentiel et les avantages pour tous.
Deux piliers !

Le revenu de base couplé aux coopératives autogérées à temps partagé.
Le potentiel et les avantages pour tous:

Gadou 1 août 2014 à 20 h 18 min

Certes François Hollande fait de la récupération politique vide de sens en utilisant le nom de Jaurès. Il est bien évident que le réformisme de cet homme de gauche ne signifiait en aucun cas l’acceptation de l’ultra libéralisme qui dicte les réformes de notre “cher” président.
Cependant, quand l’auteur s’exclame que la gauche n’a pas “vocation à être la béquille du capital en crise”, je ne peux que rire.. Depuis quand le parti communiste n’a pas été le moteur d’une alternative au capitalisme ? Ce parti, jadis d’avant garde, s’est transformé parti godillot qui s’accroche au PS comme à une bouée de sauvetage. Alors, avant d’invoquer Jaurès, il vaudrait mieux s’atteler à la construire, cette société socialiste

CHEVALIER Jacqueline 2 août 2014 à 15 h 31 min

“COLLABOS, GODILLOT”, votre haine vous fait oublier L’Histoire” et
les débats au PARLEMENT.
Comment qualifiez-vous les députés et les sénateurs communistes qui votent contre certaines propositions de loi ?
Comment transmettre nos idées, nos propositions, si nous n’avons
aucun élu ?
Lisez l’HUMANITE, journal fondé par Jean-Jaurès,et qui reste toujours une presse libre et indépendante du capital.
Puissiez-vous y puiser des éléments et des discussions diverses
afin d’élever une conscience politique indispensable pour
comprendre aujourd’hui la complexité de notre Société.
Merci Patrick pour ce bel hommage à Jean-Jaures et vive l’HUMA.

colombe 6 août 2014 à 9 h 33 min

On attend tout d’en haut,que faisons nous la base pour créer un rapport de force.
Mis a part la période du Front Populaire ou la base est intervenue avec les grandes grèves de 1936,depuis chaque fois que la gauche est arrivée au pouvoir (1981,1997,2012)les gens attendent ne bougent pas .Le ps va la ou la pression est la plus forte pour le moment les négociassions se font sur le cahier de revendications du MEDEF.Il est grand temps que les citoyens prennent CONSCIENCE.

alain harrison 17 août 2014 à 20 h 41 min

Développer l’économie de gauche coopérative complémentaire efficace rentable compétitive à temps partagé (travail, responsabilité, sur-profit…..)des entrepreneurs coopérants.

Les étudiants ont un potentiel et l’oportunité est toujours au départ une idée brillante, mais pourquoi pas intelligente et au potentiel de libérer le temps de Vie.
Se cultiver sera toujours vital pour un monde convivial, développer d’autres aptitudes, …

alain harrison 17 août 2014 à 20 h 50 min

Nous avons un méchant problème. Et cela quelque soit la culture et l’époque.
Nous avons tous tendance à cette mentalité de catégoriser, de réduire…ne nous en déplaise. Séparer et diviser, nos opinions et nos arguments y participent, il ne s’agit pas de condamner ou de s’en débarraser. La réflexion, le discernement , la critique dans le cadre du questionnement sont vitaux.

La Vie est une et coule comme le fleuve.
À bien ressentir.
Pendant quelques instants soyez dans un état sans pensée. (K)

colombe 5 août 2014 à 4 h 31 min

Il y a tromperie de la part du ps sur le mot réforme.Nous avons souvent a faire a des contres réformes.
Il faut parler d’évolution révolutionnaire,des réformes qui s’attaquent au capital.
Je pense qu’il faut bien s’expliquer la dessus.

alain harrison 7 août 2014 à 22 h 56 min

Bonjour.
Quel moyen prendre pour que le mouvement ne s’essouffle pas ?

Il y a les sauts spectaculaires. Mais après….

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