Empêcher la construction de l’usine à lait

le 4 février 2014

vaches800

Notre journal s’est plusieurs fois fait l’écho de la mobilisation d’agriculteurs, de citoyens, d’élus  de la région d’Abbeville contre la construction d’une étable de mille vaches. La construction de cette  « ferme-usine », a malheureusement déjà commencé, avec l’autorisation donnée par le préfet. Mais voici que, grâce à la ténacité du mouvement au moment même où le Parlement débat d’une nouvelle loi agricole promouvant « l’agro-écologie », des ministres font enfin un premier pas en recevant les représentants de l’association de lutte contre ce néfaste projet, Novissen ainsi que la Confédération paysanne. Enfin ! Le ministre de l’environnement les a informé que ce « dossier »  était « placé sous son autorité». Mieux, il s’est désolidarisé de la décision préfectorale qui avait autorisé l’ouverture du chantier. Ce faisant le ministre de l’environnement M. Martin a confirmé que « les services de l’Etat ont failli ». Il aurait ainsi fait savoir que  « le gouvernement est opposé à ce projet » et qu’il « va agir pour le stopper »  en portant l’affaire devant les cours de justice compétentes. Si tel était le cas, cela changerait totalement le rapport de force  au service de l’intérêt général.

 

Voici une preuve nouvelle de la nécessité pour nos concitoyens de prendre  en main toutes les affaires qui les concernent. C’est en effet la sensibilisation organisée par l’association Novissen et les mobilisations multiformes qui ont rendu possible ces modifications. Agriculteurs et habitants de la région ont mis à jour les failles juridiques de ce projet. Leurs observations de terrain  ont pu révéler que les bâtiments déjà sortis de terre excèdent la taille indiquée sur les plans fournis aux autorités et que l’un d’entre eux empiète même sur une zone archéologique censée être préservée de toute construction. M. Ramery, riche et puissant industriel du secteur du bâtiment et des travaux publics, faisant fortune souvent à partir de commandes publiques, proche de certains milieux politiques,  se croyait  dispensé de se conformer aux exigences du  permis de construire qui lui a été accordé !

 

Mais il ne suffira pas de se conformer au permis de construire. Se contenter de cela de la part des pouvoirs publics constituerait un faux semblant coupable. C’est le projet lui-même qu’il faut maintenant interdire au nom de l’intérêt général, au nom de l’emploi et conformément à la loi d’avenir que propose le ministre de l’agriculture.

 

En effet, ce sont de graves menaces pour l’environnement, pour la sécurité sanitaire, pour la santé publique et pour l’emploi que fait peser  cette  « usine à lait et …à  gaz ». Cette ferme-usine de 8500 m2 qui nécessite de trouver au moins 2700 hectares de terre pour l’épandage des lisiers conformément à la loi, devrait être  assortie d’un méthaniseur géant pour transformer en énergie  les déchets produits par ces   centaines de vaches laitières et de génisses.

 

Il est désormais prouvé qu’une telle  concentration animale a de multiples effets pervers pour la santé et l’environnement, en plus des petites fermes qu’elle détruit. Les animaux sont dopés à l’aliment concentré importé. Plus sensibles aux maladies, il faut les bourrer d’antibiotiques dont il semble qu’on en retrouve de plus en plus dans le lait et la viande de consommation. Les rejets de méthane sont très importants. A ceci il faudrait évidemment ajouter les effets  négatifs induits sur les routes et les bourgs par les ballets de camion ramassant le lait.

 

Bien que bénéficiant de subventions dédiées à l’agriculture, le projet n’a en réalité plus rien d’agricole, puisqu’il s’agit de produire en priorité de l’énergie. Le lait et la viande n’étant plus que des « sous-produits » de qualité  médiocre. Un tel système conduit à abaisser les prix à la production du lait et de la viande pour les agriculteurs –paysans. Une telle concurrence déloyale aboutira forcément à la faillite des fermes environnantes et à la perte du travail pour des dizaines de petits producteurs locaux !

 

Sur le plan de la santé publique aussi, ces systèmes qui ont cours en Allemagne et dans d’autres pays où ce type d’élevage est pratiqué, provoquent l’apparition de germes résistants à tous les traitements, susceptibles d’infecter  les êtres humains.

 

En tous cas laisser faire plus avant un tel projet serait la négation de l’esprit et de la lettre  du  projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Celle -ci prévoit que les politiques publiques devront favoriser l’association de «la performance économique et la performance environnementale», et propose, entre autres, un meilleur encadrement de la délivrance des antibiotiques pour les animaux aux éleveurs et de l’usage des pesticides avec comme finalité une conversion à une agriculture plus raisonné, une « agro-écologie ».

 

Laisser construire une telle usine en Picardie irait donc à l’encontre de ce projet. Maintenant qu’un premier recul a été imposé, de toute la France aidons nos amis de Picardie a mettre définitivement  ce néfaste projet en échec.


14 commentaires


Alexandra 4 février 2014 à 18 h 30 min

C’est une très bonne nouvelle de savoir que l’état va faire stopper ce projet d’usine à lait. Comme quoi il est utile de se rebeller ! Il faut revenir à des exploitations à taille humaine et à une agriculture biologique pour le bien de tous.

RABOTOT Robert 4 février 2014 à 20 h 07 min

issu d’une famille de petits paysans de l’Allier,je me souviens de la lutte qu’on dû mener les petits paysans qui voyaient leur fermettes disparaître absorbées par des fermes plus importantes et aujourd’hui nous assistons a ce genre de projet d’une ferme surdimensionnée faisant fi des règles environnementales. j’exige que le gouvernement s’engage résolument afin d’empêcher ce projet,je suis solidaire des paysans picards.

LEFEVRE Catherine 4 février 2014 à 20 h 55 min

Il faut absolument changer les modes d’exploitation, passer de l’agriculture hyper-intensive à une agriculture raisonnée, respectueuse des humains, des animaux et de l’environnement.

LAULÉ 4 février 2014 à 20 h 59 min

C’est constituer ce qui deviendrait un monopole dans cette filière et ruinerait rapidement les exploitations familiales ou de moyenne importance. Le gouvernement ne peut pas tolérer que la finance continue a massacrer notre pays.

novelli robert ne le 3fevrier 1935 5 février 2014 à 8 h 11 min

il faut faire du fric a tout prix le capitalisme libéral mi en place par le gouvernement u m p de Sarkozy et repris en cœur par le gouvernement de Hollande en non rien a foutre des petits paysans le mal et a la racine
coupons les racine pourris et nous retrouverons le droit au travail pour tous vive la commune de paris

vasco 5 février 2014 à 9 h 35 min

d’accord avec les cinq commentaires ci dessus

LUCE Roger 5 février 2014 à 13 h 21 min

ATTENTION Catherine, l’agriculture “raisonnée” est productiviste : elle n’est pas respectueuse des humains , des animaux et de l’environnement. Elle prétend utiliser moins de produits de traitement (pesticides). C’est tout .
ATTENTION aussi à “l’agro-écologie” du gouvernement…
La seule est “L’AGROECOLOGIE PAYSANNE” telle que définie par la Confédération paysanne, Nature et Progrès, Réseau semences paysannes, Amis de la Terre, Mouvt inter-régional des AMAP,FADEAR réseau de l’agriculture PAYSANNE, LA LIGNE D’HORIZON les amis de François PARTANT, MINGA, ASPRO pnpp, Réseau ECOBÂTIR, Terre et Humanisme…

LUCE Roger 5 février 2014 à 13 h 29 min

Et puis, puisqu’il y a -ou aura bientôt- déclin de la société thermo-industrielle, seule l’AGRICULTURE ECOLOGIQUE et PAYSANNE pourra nous nourrir et fournir des emplois suffisants pour réduire massivement le chômage. Compter sur “la croissance “est illusoire.

pellizzoni 5 février 2014 à 16 h 26 min

il faut préserver les petits éleveurs, et non pas ces gros exploitants, quand on peut voir comment les vaches son traitées, et dans quelles conditions on les élèvent, cela n’encourage pas les consommateurs à s ‘approvisionner dans cette usine aux dimensions démesurées

alain harrison 5 février 2014 à 23 h 31 min

Bonjour

J’ai retenu ce bout de phrase:
….en portant l’affaire devant les cours de justice compétentes.

Le gouvernement démocratiquement élu fait les lois. Le hic, c’est que les lois sont absentes de débat démocratique avec les principaux intéressés pour faire des lois sensées et respectueuses.

Non, il faut que le droit s’ingère partout comme les parasites. Trop de recours au droit pour un non ou un oui. Sans compter qu’elle en laisse passer pour ceux qui ont les moyens d’acheter: Monsanto a gagné contre l’expertise: les OGM sont un poison.
C’est une question d’argent.

Nous avons séparé l’église du pouvoir..
De même, nous devons séparé les affaires, le droit…, du pouvoir.

Remettre les choses à leur place.

Une loi doit être faite avec les acteurs concernés.
Le droit n’est pas pour prévenir ou orienter les lois, mais bien pour les litiges concernant son niveau.

Les corrections des lois se font avec un retour des acteurs concernés en commission parlementaire.

C’est toute la question de l’état de droit (qui n’est pas un gouvernement démocratique) entouré d’une armada d’avocats qui doit être posée.

Pendant que les énergies se porteront sur ce sujet inestricable, il n’y en aura pas pour établir des lois rendant les coopératives viables au même titre que le privé. On verrait bien qui gagne au jeu de la compétition. Même facilité aux coopératives que le privé, c’est le marché qui décide.
Alors on verrait le privé dénoncé ce même marché qu’il chérit tant

drouin claudette 6 février 2014 à 7 h 37 min

il faut préserver les petits éleveurs et non les gros “du fric à tous prix” je suis pour une agriculture raisonnée et bio

PACINI 8 février 2014 à 8 h 49 min

L’élevage intensif est une très mauvaise solution. Pour notre santé et pour une meilleure qualité de vie, stop aux OGM par exemple. Pourquoi chercher et se tourner vers le bio. Tous les produits que nous consommons, chaque jour, ne devraient-ils pas être sains comme il se doit ? Et les pollueurs, les empoisonneurs, ne doivent-ils pas être sanctionnés à la hauteur de leurs actes ? Puisqu’il y a subventions, qu’elles profitent à ceux qui sont soucieux de l’écologie, préservons les petits éleveurs, pour une agriculture plus saine, respectueuse de l’environnement et pour stopper la « désertification » de nos campagnes. La prise de conscience des consommateurs, c’est une nécessité, ne doit pas rester une utopie. Notre gouvernement et nos « décideurs » doivent en tenir compte.

guéret 8 février 2014 à 14 h 37 min

Le capitalisme ne reculera devant rien, les vaches ne sont pas des robots, il est temps de revenir à une agriculture raisonnée, c’est à dire une agriculture bio où même les vaches laitières doivent être respectées.

monneret 8 février 2014 à 14 h 54 min

ce n’est le productivisme a outrance qu’il faut il faut que nos paysans ; paysannes puissent vivre de leur élevage pour cela obliger les grosses firmes agro alimentaire à payer les agriculteurs à leur juste valeur et de ne pas les écraser comme ils font maintenant ex 1 litre de lait38ctes et au super marcher 1,20 euros et là on aura plus a financer les agriculteurs par l ‘europe d’ou nos impots ceci n’est pas péjoratif il faut payer le produit à sa valeur controler les prix des fabricants de produit fito sanitaires :ces sociétés sont miliardaires ex: mosantosetc

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