Des pianos aux poulets !

le 18 novembre 2013

Doux

Aussi curieux que cela puisse paraître, dans ce que l’on appelle le « capitalisme moderne », on peut passer de la production de pianos à la découpe et à la vente de poulets. Ce n’est pas une plaisanterie ! Dans la même semaine, on a simultanément appris que le groupe  « Développement et Partenariat », propriété de D. Calmels ferme la plus ancienne manufacture de pianos au monde, installée à Saint-Denis. L’un des fleurons de la création française : les pianos Pleyel pour racheter le groupe Doux. Il liquide les pianos Pleyel et investit dans le poulet.

 

Le groupe financier « Développement et Partenariat » a acheté les pianos Pleyel, il y a à peine neuf mois et ferme l’entreprise aujourd’hui, tout en gardant la marque qu’il considère avoir « une valeur marchande ». Ce qui veut dire, qu’il se laisse la possibilité d’aller exploiter la marque dans un autre pays, pour dégager plus de profits. Evidemment, M. Calmels n’a aucune expérience dans la production et la transformation de poulets. En 1980, il était administrateur judiciaire auprès des tribunaux de commerce. En 1987, il fondait une écurie de Formule 1 « Larrousse-Calmels » qui ne sera présente que deux ans sur les circuits de course automobile. En 1997, il procédait au nettoyage de la société de maroquinerie « Le Tanneur » pour la porter jusqu’à la cotation boursière, puis pour s’en dégager, avant de la reprendre en 2006 pour délocaliser une bonne partie de la production. Il réalisera pour lui-même une plus-value de 23 millions d’euros en revendant la société à un groupe du Qatar.

 

Voilà le genre de société qui investirait demain dans le groupe Doux ! Elle entrerait dans le capital pour plus de la moitié des parts, en alliance avec le groupe saoudien Al-Munajem, actuel principal client de Doux, pour un autre quart. Autrement dit, la propriété du groupe Doux échappe à la famille fondatrice, en quasi-totalité au bénéfice de groupes, très extérieurs à la région Bretagne et pour des objectifs qui ont moins à voir avec les poulets qu’avec l’argent.

 

Nous ne souhaitons pas le pire. Mais, nous mettons fortement en garde. Le groupe de M. Calmels ne s’est jamais intéressé aux entreprises que pour les revendre ou délocaliser la production, en vue d’obtenir la rentabilité la plus élevée possible. Si c’est cette stratégie qui s’applique au groupe Doux, alors, il y a du souci à se faire. Cette opération ne peut se réaliser sans contrôle, sans conditions de maintien de l’emploi et d’investissements, dans la recherche pour de nouveaux produits alimentaires de qualité.

 

Loin de répondre aux enjeux d’avenir, le gouvernement laisse faire. Certes, il a annoncé le déblocage de 15 Millions d’euros pour la région Bretagne, mais on n’en connaît pas les objectifs réels. On n’en connaît aucune contrepartie en termes d’emploi, de formation, de rémunération. Or, il faudrait inventer une autre voie consistant à activer la Banque publique d’investissement, en lien avec la Banque européenne d’investissement et un tour de table de banques installées en Bretagne, à commencer par le Crédit agricole, avec un Etat pilote et stratège, en vue d’une transition et d’une refondation de la filière avicole en Bretagne, associant, dans une nouvelle coopération, les groupes Sabco-Tilly et Doux. Elle aurait pour objectif une réorientation à long terme du modèle de production en vue de la recherche d’une plus grande qualité gustative et alimentaire, d’une plus grande valeur ajoutée, de la reconquête du marché intérieur, de la sécurisation et de la création d’emplois nouveaux, combinés avec des mises en formations indispensables et l’innovation et la recherche.

 

Nous ne pouvons pas suivre ceux qui nous font croire qu’ils peuvent passer du piano aux poulets. C’est l’argent qui les intéresse. Nous c’est la vie des femmes et des hommes dont l’avenir est aujourd’hui bouché.


3 commentaires


Macha Fernandez 18 novembre 2013 à 18 h 43 min

http://www.linfodumusulman.fr/le-groupe-saoudien-almunajem-va-bientot-racheter-25-du-groupe-doux/

À quelle sauce vont être assaisonnés les salariés?

Macha Fernandez 18 novembre 2013 à 18 h 44 min

Ceci en complèment de l’information amenée par vous, bien sûr.

Michel Berdagué 19 novembre 2013 à 13 h 44 min

Macha : à la sauce du religieux sacrificiel comme toute religiosité: le vatican toujours très politique , avec la combinaison de la presque disparition du mot Prolétaire indiquant par là que nous sommes tous et toutes de la dite ” classe moyenne” qui est une couche de petits bourgeois ou de cadres moyens et sup. dont certains aspirent à être bourgeois et lorgnant par mimétisme sur eux : les qqs privilégiés, sans en avoir les moyens pour ainsi dire. Avec ces saoudiens milliardaires – les quataris also- les poulets vont être bien saignés et nous avec car ils n’ aiment pas du tout les ” petits satans” matérialistes qui les mettent en posture/guignol ridicule ,passéiste, rétrograde et obscure. Il est grand temps que le Siècle des Lumières perce dans le brouillard confusionnel entretenu par la bourgeoisie pour que la classe ouvrière – dite(invisible)- et le Prolétariat ne prenne pas les affaires en mains. Avec le réveil ça risque de ne pas être DOUX. et la musique sera bonne : l’ Internationale au piano.

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