Des actes nouveaux pour changer le système

le 2 avril 2020

Photo : AFP

L’angoisse nous étreint face à l’hécatombe provoquée par ce puissant virus qui court et attaque le monde entier. Déjà, les deuils frappent autour de chacun d’entre nous.

Les personnels soignants font preuve d’un dévouement appelé à devenir un mètre étalon de courage et d’humanité. Leur sacrifice est d’autant plus exemplaire qu’il prolonge une lutte dure et tenace, trop dédaignée en haut lieu. Les pouvoirs successifs et leurs comptables, dont ceux de la Cour des comptes, les ont sciemment désarmés. Comme ils ont méprisé toutes celles et ceux qui, ne se revendiquant pas « premiers de cordée », font tourner la France : transporteurs ou caissières, employés communaux ou livreurs, policiers ou enseignants, auxquels manquent cruellement masques et tests du fait des choix de réduction des crédits publics.

Il y a urgence à réquisitionner les entreprises capables d’en fabriquer comme celles qui peuvent produire l’oxygène, les respirateurs, les blouses, les lits, l’alcool hydro-alcoolique ou les médicaments qui commencent à manquer. Le dogme crasse du « moins d’Etat » doit être jeté au bûcher et toute tentative de rogner les budgets de la santé publique considérée comme une forfaiture.

Jamais la santé n’est apparue aussi nettement comme un bien commun et non une marchandise, et l’hôpital comme un lieu de la vie et non une entreprise. C’est toute la filière qui doit dès maintenant être bâtie ou rebâtie avec la mise au rencart de tous les plans de fermetures de lits et d’hôpitaux et la création rapide d’un pôle public du médicament.

Chaque jour met désormais à nu l’incapacité des classes possédantes et dirigeantes à affronter ce moment historique. Elles n’ont pour autant pas renoncé à développer un capitalisme sanitaire et un capitalisme numérique. Une lutte se déroule bien en ce moment-même, au cœur de la lutte contre l’épidémie, avec les mêmes termes : la loi de l’argent ou le bien être humain.

Pour mener cette lutte, le gouvernement s’est donné les « pleins pouvoirs ». C’est ainsi que la ministre du travail, quelques jours après avoir clamé son intention d’interdire les licenciements, s’est empressée de se contredire en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une « formule choc pour marquer les esprits »… Le ministre de l’économie n’est pas en reste qui a refusé de contraindre les entreprises à ne pas verser de dividendes, avant de se raviser sous pression syndicale. Le rétablissement de l’ISF, la  suppression du CICE, la lutte contre l’évasion fiscale et la production nationale stratégique doivent être fermement défendus. Le temps est révoqué où les communistes étaient moqués, vilipendés quand ils proclamaient « produisons français ».

L’entreprise Luxfer, seule usine de bouteilles d’oxygène sacrifiée par ses actionnaires doit être nationalisée sans barguigner, comme l’entreprise Famar, capable de produire rapidement un million de boites de médicaments à base de chloroquine, dès lors qu’est avérée son efficacité. Voilà des éléments de « ruptures ».

Et que l’on cesse de dire que la santé n’est pas du ressort de l’Union européenne. L’argent de la Banque centrale européenne doit être orienté vers les caisses des Etats pour les hôpitaux, pour la relance industrielle des secteurs liés à la santé, les services publics, les collectivités territoriales, les associations de solidarité, le logement des plus démunis qui souffrent encore plus du confinement, les secteurs de la création culturelle et de la presse écrite.

A l’opposé des pleins pouvoirs, c’est un comité spécial d’urgence sanitaire sous l’égide du premier ministre, des présidents des assemblées parlementaires, avec les groupes parlementaires, une délégation du comité économique et social, les syndicats, les associations, les chercheurs et le monde médical qui devrait piloter quotidiennement la crise, avec le souci d’inclure la solidarité avec les pays du sud menacés par la vague. La résolution de cette crise et les étapes à franchir exigent de la transparence et la confrontation démocratique avec des diagnostics partagés et une autre manière de prendre les décisions.


1 commentaire


roger pinet 2 avril 2020 à 12 h 35 min

très bien la santé n a pas de prix !

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