« Démocratie participative » ?

le 2 décembre 2014

Réunion publique sur les rythmes scolaires au Triangle.

En ouverture de la troisième conférence environnementale qui se tenait à l’Elysée quelques semaines  après la mort tragique du jeune militant écologiste Rémi Fraisse qu’il a qualifié de « drame pour sa famille et la Nation », le chef de l’Etat a annoncé le lancement d’un nouveau  chantier pour promouvoir « un nouveau modèle de démocratie participative ». Et, le président de la République de  préciser : « Cette mission qui va être engagée par le gouvernement devra remettre des propositions dans un délai de six mois, elles seront immédiatement mises en œuvre ». Puis Mr Hollande ressort soudain l’idée d’organiser des référendums locaux sur les projets !

 

Cela sonne  comme un aveu : après deux années aux responsabilités le président de la République fait mine de découvrir que  la démocratie  française ne fonctionne pas.  Après avoir si bien parlé, les habitants du Tarn devraient être consultés sur l’opportunité du barrage de Sivens, ceux de la Somme sur la méga-ferme des mille vaches, ceux de la région de Moëlan-sur-mer dans le Finistère qui se voit imposer sur 300 hectares en mer une ferme de fabrications d’algues privée sans véritable évaluations d’impacts. Alors que le Parlement débat de l’organisation administrative et politique de la France , avec un redécoupage des territoires régionaux, d’une redéfinition des compétences des collectivités, avec à la clef des mesures drastiques d’économies,  on nous annonce une nouvelle  « mission » pour ne pas dire  un nouveau « comité Théodule » pour faire des propositions « immédiatement applicables » ?

 

Ce serait à se tordre de rire si ce n’était pas si grave et si cynique ! Cette contre-réforme se fait en effet sans aucune information et encore moins de consultations des populations.

 

S’il est un axe de cette contre- réforme territoriale initiée  par le gouvernement, c’est bien de distendre fortement les liens de proximité entre les citoyens et leurs élus territoriaux. Ils passent les régions au rabot pour passer de 22 à 13 régions, sans concertation, sans projet, sinon celui de tailler dans les crédits publics. 36 000 communes, 500 000 élus proches de la population, c’est trop pour eux. Ils leur  substituent  des intercommunalités et des métropoles  sans cesse plus grandes et plus technocratiques pilotées d’en haut.

 

Quand aux départements, collectivités intermédiaires entre la région et la commune, il aura fallu la mobilisation des élus et des populations pour que Mr  Valls, après les avoir voués aux gémonies et annoncé leur disparition, leur trouve finalement des qualités irremplaçables et choisisse d’en conserver certains !

 

Les Françaises et les Français aspirent à une démocratie locale vivante et renouvelée où ils soient partie prenante des affaires qui les concernent. La participation citoyenne est une exigence de notre temps. On ne peut plus régler les problèmes sans concertation, sans participation, voire contre les citoyens. Les abstentions massives aux élections ne doivent pas  tromper. Il ne s’agit pas d’un désintérêt de la chose publique mais plutôt du fait que les citoyens ne se reconnaissent plus dans une certaine vie politique éloignée de leurs préoccupations et de leur morale, avec des institutions qui sont trop souvent coupées d’eux, chargées de relayer des politiques d’austérité de plus en plus dures à supporter.

 

Car, là est le cœur du problème. Le projet de loi de «nouvelle organisation territoriale de la République »  a pour objectif de traduire dans les faits les politiques d’austérité qu’assigne le gouvernement aux collectivités territoriales. La baisse de 11,5 milliards d’euros des dotations de l’Etat pour les trois années à venir n’étant qu’une partie de l’effort demandée. Dans l’esprit des initiateurs du projet, la création des grandes métropoles, comme la création des conférences territoriales avec des membres désignées par les «collectivités – dites – chefs de file » qui vont avoir le pouvoir d’imposer leurs points de vue sur les politiques publiques aux autres collectivités  répondent  aux exigences de « compétitivité » que l’on veut imposer aux territoires. Chacun peut se douter qu’avec une telle démarche les communes rurales seront de plus en plus délaissées.

 

L’éloignement est bien un outil de la réduction de la dépense publique. De nombreux maires, lors du dernier congrès national des maires de France qui s’est tenu le mois dernier, ont exprimé leurs inquiétudes face aux conséquences des baisses des dotations d’Etat sur le niveau des investissements publics. Et les français ainsi qu’en témoignent les enquêtes d’opinion sont très attachés à la fonction de maire.

 

D’ici quelques mois les citoyens vont être appelés à élire de nouveaux conseillers généraux dans de nouveaux cantons. Il importe que le débat sur la démocratie locale gagne en ampleur tant son devenir comme celui des services et des équipements  publics, comme des projets de développement humain des territoires qui lui sont liés, doit avant tout être l’affaire des premiers intéressés.


9 commentaires


Guy Moreau 2 décembre 2014 à 12 h 34 min

Bravo Patrick, cet excellent article sur la démocratie qui dit l’entière vérité vraie va directement à l’essentiel, oui,  les Françaises et les Français aspirent à une démocratie locale vivante et renouvelée où ils soient partie prenante des affaires qui les concernent ; la participation citoyenne est une exigence de notre temps ; et on ne peut plus régler les problèmes sans concertation, sans participation, voire contre les citoyens.

Là où je vis les gens qui sont continuellement lésés par la politique Ump plaisant au Fn, qui se sentent avant tout républicain dans l’âme, et qu’ils votent ou pourraient voter à droite pour des candidats réellement républicains, ou qu’il votent ou pourraient voter à « gauche » (je met gauche entre guillemets car l’Union de la Gauche est justement à reconstruire sur le base de la démocratie entière et reélle) ; les républicains qui votent ou qui s’abstiennent ; sont demandeurs désespérés car son absence dévaste chaque jour davantage leur vie, de démocratie participative dans leur communauté des communes, dans leur département, dans leur région, et bien sûr en France ; mais le sujet de l’article porte surtout sur la démocratie participative locale. Quand il n’y a pas de démocratie participative locale, et là où je vis il n’y en a pas encore, il n’y a pas de vraie démocratie participative nationale. Et un pays où il n’y a quasiment pas de vraie démocratie participative et dans les villes les conseils de quartiers doivent en appliquer les règles au lieu de les transgresser ; il n’y a pas de République, et c’est à partir qui est la première cause, qu’il n’y a quasiment plus de république et en plus des nationalismes, un fort conservatisme et une sociale démocratie sans république. Tout cela impose un apartheid qui vient remplacer la République et nous voyons simultanément que selon les droites ultrapopulistes, l’extrême droite pourrait remplacer voire relayer la droite dure…

Pour proposer une vraie république du vingt et unième fiable, il faut savoir comment construire la démocratie entière et réelle et bien réfléchir à la révocabilité d’élus demandés tant par des Citoyens républicains qui vote à droite, que par des Citoyens républicains qui votent à gauche, que par des abstentionnistes ; car les élus qui se sont affranchis pendant longtemps de la démocratie participative réelle n’ont pas servi pendant aussi longtemps tout les Français habitant sur le territoire dont ils étaient responsable, et donc ont failli à leurs devoirs.

On ne peut pas reconstruire l’Union de la Gauche sans réussir la démocratie participative locale qui est la fondation même de la démocratie participative entière réelle qui mettrait bien sûr en échec mérité les politiciens sans république car un tel statut factuel est même contraire à la constitution de la cinquième République.

On a besoin d’Hommes politiques qui commencent l’ouvrage politique par le commencement et c’est ce que tu fais Patrick, encore bravo car tu redonnes confiance en la politique digne de la République. Merci.

alain harrison 8 décembre 2014 à 5 h 34 min

Bonjour.

«« Pour proposer une vraie république du vingt et unième fiable, il faut savoir comment construire la démocratie entière et réelle et bien réfléchir à la révocabilité d’élus…»»

La crise est un fabuleux levier de changement et le questionnement, le tâtonnement sont le chemin à suire.
Il faut voir clairement dans ce dédale où nos ont mis tous ces politiciens (les faites-moi confiance..)affairistes.

La structure démocratique relevé par M. Le Hyaric
( 36 000 communes, 500 000 élus proches de la population ) et votre approche (Guy Moreau) sont une bonne approche.
Il s’agit d’y mettre du concret qui favorisera les prises de consciences et le consensus nécessaire pour un véritable établissement démocratique au sein duquel le citoyen se sentira maître d’oeuvre.

La gauche se cherche et elle a l’opportunité de rassembler.

L’Humain d’Abord ! Quel contenu concret et qui nous rejoint tous pour sortir de l’austérité ?

La voie royale de l’accaparement par le capital serait-elle l’austérité ?
De plus en plus dépossédés, les peuples divisés tournent en rond dans la division des intérêts, des identités et des croyances oubliant les deux fondamentaux.
Nos disputes, laissons les de côté, il y a une urgence qui nous touche tous.
Après, nous pourrons toujours nous chamailler, mais peut-être plus serainement.
Après tout, beaucoup de conflits résultent d’une perception erronée.

Le choix: continuer à descendre dans l’austérité, tout un système de jeux financiers ou choisir de prendre le pouvoir politique avec comme assise rassembleuse les deux fondamentaux.
Les banques ont la main mise sur l’économie, mais avec de bons décrets, renverser la vapeur.
Les robots (nécessaires ???) vont vouez la masse entre les mains d’états autoritaires, c’est commencé.

Il nous faut trouver des contenus et des moyens rassembleurs pour la participation citoyenne et devenir les maîtres d’ouvre.
Les deux fondamantaux.

MOSER Gilbert 2 décembre 2014 à 13 h 15 min

oublies pas Notre dame des Landes.

breteau jean claude 2 décembre 2014 à 13 h 15 min

Le role des élu-e-s est essentiel ,c’est bien pour cela qu’il y a une volntéde distance de l’Europe relayée sans mot dire ,par le pouvoir .
Un autre point ,très important,n’est pas soulevé ,c’est la formation indispensable des élu-e-s ,autre bien sur que celle distillée ,par des libéraux .Trop d’élu-e-s sont désarmés face aux fonctionnaires généralement libéraux;les résultats sont catastrophiques,en raison des décisions prisent souvent selon des informations orientés, sans comprendre les impacts sur les citoyens sommés de passer ensuite à la caisse

alain harrison 8 décembre 2014 à 5 h 48 min

Bonjour.

Les fonctionnaires font parti du problème.
Il y en une bonne gagne de corrompu.
Les syndicats, il y a unsérieux ménage à faire.
Ici au Québec, tout est à faire.
Mais le plus difficile est le système patronal érigé en ALLANT DE SOI.
Les affairistes sont au pouvoir.
Mais la gauche doit faire le travail de fond nécessaire pour que la population porte l’agenda politique du changement.
Un changement radical est devenu fondamental pour la Terre.
Il est entre nos mains.
Pas de demi-mesures, c’est le piège.

Alors pour choisir les portes-parole, c’est simple.
Claire ou flou.

Les deux fondamentaux, quand la population les portera comme elle porte les sornettes de la pensée unique résumé par : je suis une ressource disposable..
Quand elle les portera, les deux fondamentaux s’insérant dans les moeurs par les prises de conscience.

RABOTOT Robert 2 décembre 2014 à 14 h 23 min

Oui aux référendums d’initiative populaire mais a condition que l’avis émis soit pris en compte pour au moins engager la discussion; Sur les problèmes locaux, les élus doivent être consultés.
Il appartient au Président de la République et au Gouvernement de s’engager résolument dans cette voie, il faut en finir avec les faux-semblants et la parlotte auxquels on nous a habitués, la démocratie participative est a ce prix.

papini 2 décembre 2014 à 15 h 59 min

C 1 très bonne analyse de la situation actuelle et de son devenir, ici dan le Gard j’ai participé à la mise en place d’1 charte de la concertation participative citoyenne concernant les PLU, ainsi que l’obtentions d’1 label Gard Durable qui prenait aussi en compte les Risques majeurs d’inondabilité ce fut 1 travail très instructif et nécessaire, puisque estimé pour les 20 ans à venir hélas très peu de communes l’appliquent réellement s’éloignant ainsi de l’intérêt général, en agissant si je puis dire au coup par coup, à la demande de certains quartiers ..cette charte permettait de mieux cibler les besoins réels des zones concernées, en tenant compte des infrastructures déjà en place ce qui permettait de les améliorer à moindre coût

chb 2 décembre 2014 à 20 h 05 min

“les Françaises et les Français aspirent à une démocratie locale vivante et renouvelée où ils soient partie prenante des affaires qui les concernent ; la participation citoyenne est une exigence de notre temps”

C’est sûrement le cas, mais les français(e)s ne le savent pas. Ou, plutôt : pour la plupart de nos concitoyens qui veulent “simplement” que leurs problèmes quotidiens s’allègent, la politique n’est pas un élément de solution. Quant aux décisions locales, entre marge de manoeuvre étroite et magouilles, je crains qu’ils n’aient pas une haute idée de la démocratie participative (déjà dévoyée par S. Royal et d’autres).

alain harrison 2 décembre 2014 à 23 h 09 min

Bonjour.

«« Ils passent les régions au rabot pour passer de 22 à 13 régions, sans concertation, sans projet, sinon celui de tailler dans les crédits publics. 36 000 communes, 500 000 élus proches de la population, »»

«« D’ici quelques mois les citoyens vont être appelés à élire de nouveaux conseillers généraux dans de nouveaux cantons.»»

Je ne sais pas comment fonctionne votre sructure de pouvoir des 36 000 communes en regard du système communal Vénézuélien.

Mais vous avez en place un levier formidable, si et seulement si, les citoyens sont impliqués.

Qu’avez-vous fait pendant toutes ces années passées ? Alors que la population pouvait s’approprier le pouvoir.
Une question de stratégies que la population aurait pu mettre en place par concertation et consensus !?!?

Un beau rendez-vous de manquer, parce que la population, plutôt que de concerter, a laissé les initiatives dans les mains d’ opportunistes.
Si on regarde les résultats qui sont à venir, soit le démentèlement progressiste (des jeux de découpages)et systématiques du levier des communales (communes).

Mais le potentiel est encore là.
Il s’agit de réveiller la population à son potentiel.
Trouvez des moyens impliquant la population.
Hollande va mettre la main sur l’initiative et vous retournerez vous couchez !!
La droite se démène pour une nouvelle manipulation, bien que grossière, ça risque de marcher.
La droite est très tactique: recule, avance , va à droite , à gauche, et là elle va à gauche???

Ne soyez pas dupe.

Les communes et les deux fondamantaux, la proximité des populations et des structures des communes.

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