Griveaux : le produit d’un système

le 16 février 2020

L’atteinte à la vie privée dont est victime M. Griveaux est une grave remise en cause des droits humains. Elle doit être condamnée et sanctionnée sans appel. Elle s’inscrit et vient couronner un système que nous ne cessons de dénoncer dans ces colonnes. Celui qui conduit des responsables politiques à n’avoir en guise de propositions que leur exposition, avec conjoints et enfants, dans de grands magazines en papier glacé ou des émissions de télévision. Les égouts du net en sont un prolongement moderne et plus violent.

Ce n’est donc pas simplement, une détestable vidéo, violant l’intime qui provoque l’affaissement démocratique mais un système global fait de postures, de simplismes et d’égos démesurés remplaçant la délibération publique. Dès lors qu’ont fait croire qu’il n’y a plus que des choix « techniques » et aucune alternative progressiste l’accent est mis sur des choix de personnes, leur image et la capacité à fabriquer le bon mot qui fera parler. La gloire, aussi fulgurante que la souffrance médiatique, ne pourra jamais nous faire oublier toutes celles et ceux -anonymisés- qui se demandent comment payer le loyer, la quittance d’électricité ou remplir le frigo pour les enfants. Rien ne saurait atténuer notre condamnation de ce qui arrive.

Qu’on nous permette cependant de rappeler que la victime d’aujourd’hui n’a pas été économe en mépris vis-à-vis de ceux, qui « fument des clopes et roulent au diesel », sans parler de cette farfelue proposition de créer un « Central Park » pour faire parler de lui. À force de remplacer la délibération citoyenne, la confrontation par le « récit », la « narration de soi », en lieu et place du débat d’idées, on abaisse et on assèche la démocratie, la politique.

Cette campagne des élections municipales devrait être l’objet de débats contradictoires sur des projets, sur les meilleurs moyens de répondre aux souhaits des habitants, sur des priorités d’investissements, sur les rapports avec l’Etat. Rien de tel n’est organisé. Prévaut le modèle des jeux télévisés : le citoyen devenu public est sommé d’applaudir, de huer ou de verser sa larme. Jusqu’où ira-t-on ainsi ? Doit on accepter plus longtemps que les vagues montantes des transgressions numériques imposent leur loi jusqu’à la nausée, ouvrant les béances d’une sorte de post-politique du pire ? Une authentique démocratie citoyenne doit reprendre le dessus. Cela pourrait commencer par écouter le puissant rejet populaire de la contre-réforme des retraites et de consulter les citoyens.


4 commentaires


Denis 17 février 2020 à 13 h 25 min

L’engin, il n’avait pas une arme sur la tempe pour réaliser sa vidéo !

Lamblin Claude 18 février 2020 à 11 h 22 min

Griveaux victime ? C’est lui l’auteur de la vidéo et le premier à l’avoir diffusée !…

Soetens 17 février 2020 à 18 h 20 min

Il n’avait qu’à assumer le risque de sa vidéo, un petit cerveau sait que ce type de partage même en toute intimité peut déraper à tout moment. Des animateurs et célébrités courent la bite au vent sur des plateaux de télé, sur que certains aujourd’hui y regarderait à deux fois mais ils assument leur acte. Ce politicard aurait dû faire face et assumer. La politique est avant tout un engagement d’idées et de combat contre les inégalités et pas une affaire de pipi de chat qui vient pourrir les débats.

falcoz martine 21 février 2020 à 13 h 35 min

Beaucoup de mépris pour ces personnes inconscientes …Quand on devient une personne

publique on doit être exemplaire …

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