Crime en Louisiane

le 8 juillet 2010

 

 Loin des tambours médiatiques, les côtes de la Louisiane sont contaminées par du pétrole, maculées de sa noire souillure, exterminant la flore marine et la faune, détruisant les activités humaines. Un désastre écologique mondial se joue donc dans le golfe du Mexique depuis le 20 avril dernier.

  Onze ouvriers ont été tués sur cette plate-forme pétrolière « Deepwater Horizon » du nom de la filiale de BP chargée de ce forage. Personne n’en parle ! Des milliers d’autres, salariés, pêcheurs, travailleurs du littoral, perdent tout, de leur travail à leur paysage. La nature, la mer, les hommes sont victimes du système de l’argent-roi qui fait économiser sur la sécurité au détriment de l’environnement et des êtres humains, pour augmenter sans cesse les profits et le stock de dividendes à distribuer à des actionnaires jamais rassasiés.

Voilà d’où vient la catastrophe qui détruit l’écosystème du golfe du Mexique, peut-être pour plusieurs siècles. Après cela, les tenants du capitalisme et tous leurs affidés peuvent continuer à parler, sans être contredits, d’écologie lors de sommets où… rien ne se décide. D’ailleurs, à la dernière réunion du G20, le sujet de l’environnement n’a même pas été abordé.

Mais revenons au crime de BP. Cette multinationale du pétrole sous-traite ses activités à 290 filiales, qui vivent à l’abri de toute loi commune des hommes, camouflant leurs activités, leurs compte, jusqu’aux noms de leurs dirigeants. BP a loué l’une de ses entreprises « Deepwater Horizon » à une autre « Transocean », une société américaine basée en Suisse, pour un million de dollars par jour jusqu’en 2013. Pendant que l’emploi, le littoral et les pélicans bruns agonisent, « Transocean » a versé un milliard de dollars de dividendes à ses actionnaires. C’est pour nourrir cette monstrueuse voracité qu’il fallait aller vite et décider d’ignorer délibérément toute procédure de sécurité.

De surveillance, il n’y en a pas pour de telles plate-formes pétrolières parce que la législation américaine sur ce type d’équipements a été écrite par ces sociétés elles-mêmes, au sein de l’Institut américain du pétrole où siègent les représentants des entreprises pétrolières et gazières. La loi, qu’ils se sont ainsi fait pour eux, a été promulguée par l’administration Bush en janvier 2001. Toujours plus fort dans ce système capitaliste si imaginatif pour les intérêts de la classe possédante, cette plate-forme pétrolière est déclarée sous pavillon de complaisance dans un petit archipel baptisé « République des Iles Marshall », au milieu de l’océan Pacifique. Centre financier offshore, elle est aussi un paradis fiscal.

Comment ceux qui discourent à perte de vue depuis des mois sur la « régulation », voire la « moralisation » du capitalisme ne s’en sont-ils pas aperçus ? En vérité ils le cachent aux peuples qui ne peuvent qu’être révoltés par les mécanismes mortifères de ce système. Mais ajoutons-y une donnée supplémentaire. Il se trouve que depuis plusieurs années, des fonds de pensions anglo-saxons pour les retraites plaçaient leur argent sur l’achat d’actions BP, qui distribuait près de 8,5 milliards d’euros de dividendes chaque année. Ainsi, une part non négligeable des retraites par capitalisation était garantie par BP. Et les dividendes augmentaient d’autant plus que cette firme pressurait le travail vivant comme le travail mort, c’est-à-dire, les équipements et les dépenses de prévention dans la sécurité.

Aujourd’hui l’action de BP chute vertigineusement. Des retraités, mais surtout des salariés de tout le Royaume-Uni voient fondre, jour après jour, le niveau espéré de leur retraite. La retraite par capitalisation est donc le contraire de la sécurité. Et dire qu’ici, Mme Parisot, des sphères du gouvernement et des journaux prônent ce type de système au détriment de la retraite par répartition, qui permet le partage et la solidarité entre métiers, entre générations !

C’est cela  qui se cache derrière l’actuelle contre réforme réactionnaire des retraites que le peuple uni et solidaire peut mettre en échec. La multinationale BP et le système capitaliste qui la sert, polluent, tuent, détruisent pour longtemps les écosystèmes, pressurent les salaires et menacent les retraites des travailleurs. Quand la justice des hommes sera-t-elle autorisée à ouvrir un tribunal pour juger ce crime contre l’humanité ?

Décidément, le capitalisme c’est l’insécurité de vie, l’insécurité sociale et l’insécurité environnementale. L’heure est bien à l’invention ensemble d’un nouveau système post-capitaliste, plaçant l’être humain et la nature en son cœur, la sécurité de vie et la sécurité environnementale.


0 commentaires


MARAT EL MOKRANI 8 juillet 2010 à 21 h 19 min

Voila le pays le plus riche confronté à un désastre majeur ,si on avait prit les précautions nécessaires sans chercher à faire des economies surla sécurité on n’en serait pas la!
Cela me fait penser à l’affaire de la vache folle ou pour gagner un pourcentage infime sur la nouriture on a donné des farines animales à des herbivores avec les conséquences qu’on a vu.
Le Capitalisme met en peril toute la planéte.

Elena 9 juillet 2010 à 0 h 39 min

Est-ce que vous m’autoriseriez à traduire à l’espagol ce très intéresant article pour diffuser dans des pays de l’Amérique du Sud? Bien entendu, en citant origine et auteur.
En Amérique Latine il y a grand interêt sur ce drame écologique qui nous concerne directement.
Fraternellement,
Elena Ayala

Anonyme 9 juillet 2010 à 19 h 57 min

évidemment sans problème . Merci

blase montbroussous 9 juillet 2010 à 15 h 29 min

Je partage mais une simple remarque : ” le problème n’est pas de “réguler” mais de REGLEMENTER ce qui oblige à revenir sur le terrain politique et juridique afin d’y rétablir l’ordre et les moyens entre les besoins des hommes ( de moins en moins satisfaits!) et l’organisation économique et financière. Le problème est que la gauche qui n’avait pas prévu la fin du régime communiste s’est ralliée au crédo ultralibéral ! Les travailleurs sont des choses à la disposition du marché c’est ainsi qu’au niveau de la Commission Européenne, on parle de flexisécurité ! Il est urgent de construire un Droit et une économie qui permettent aux hommes d’exprimer leur créativité . Je crois que l’on peut s’appuyer sur l’urgence environnementale ( qui est l’aboutissement de ce capitalisme effréné) pour tenter de reconstruire une société nouvelle mais pour cela, il faudrait des dirigeants européens d’une autre envergure !

Olympe 47 9 juillet 2010 à 16 h 42 min

collusion argent et politiques aux USA ,voilà ce que ça donne et dire que Sarkosy veut changer notre République pour la soit disant Démocratie américaine . Non Merci !

surmely alain 10 juillet 2010 à 13 h 37 min

L’ultra-libéralisme contre la démocratie

Suite à cet excellent article et aux judicieuses remarques de blase montbroussous(et des autres intervenants) j’aimerais dire deux choses:

1)Pourquoi la gauche n’assume-t-elle pas clairement être à la fois libérale sur le plan politique(respect de la démocratie et des libertés individuelles et publiques)et dirigiste(ou interventionniste)sur le plan économique,dans la gestion des affaires économiques(rôle de l’Etat,nécessaires règlementations sociales et environnementales,contrôle des banques et du crédit)?Ce positionnement politique est exactement l’inverse de celui de la “droite libérale” qui est dirigiste(voire autoritaire)sur le plan politique(Berlusconi et surtout la Russie poutinienne sont,de ce point de vue,des cas d’école)et libérale sur le plan économique c’est-à-dire que le fonctionnement sans entrave du marché,la libre-concurrence et la loi du profit maximal sont les “règles” de fonctionnement de l’économie(en réalité le rapport de force le plus souvent).

2)Comment peut-on soutenir qu’il n’y a pas de contradiction entre l’Europe libérale et la vraie gauche défendant la justice sociale,les services publics de qualité,l’efficacité économique,la bonne gestion(pas la mise en faillite des Etats de l’Union)?Comment peut-on affirmer qu’il n’y a pas de contradiction entre notre actuelle Europe devenue le cheval de Troie du libéralisme économique qui détruit les Etats et les protections sociales et ce que la Gauche courageuse continue à défendre à savoir le progrès social ?Le libéralisme économique conduit inéluctablement à la régression sociale.Les exemples abondent dans un passé assez récent-depuis l’Amérique de Bush aux dictatures d’Amérique latine en passant par la Russie des oligarques et le Royaume-Uni de la pauvreté généralisée-et le prouvent.Le Chili de Pinochet était aussi celui de Milton Friedman,le pape si j’ose dire de l’ultra-libéralisme.Or cet ultra-libéralisme est la prison des peuples.L’article de Patrick Le Hyaric le montre fort bien à travers les récentes saletés de la BP!

BOUDET Pierre 10 juillet 2010 à 15 h 41 min

Cet article de Patrick, éclaire à merveille la nocivité du capitalisme, il démonte la collusion des intérêts des actionnaires privés et de la politique, ce qui n’est pas l’apanage des seuls états unis, mais est le triste reflet de ce qui sévit chez nous et sur la planète entière, Pour ce qui nous concerne, nous avions antérieurement de très nombreuses entreprises publiques telles que nos compagnies pétrolières, france télécom, GDF, autoroutes, industries d’armement, etc.. etc… j’en oublie un paquet, toutes ces entreprises, qui réalisent des profits élévés, alimentaient le budjet de l’état dont les politiques nous martellent qu’il est en déficit, il est évident que le troupeau de vaches à lait offert aux actionnaires ne peut plus donner de beurre à celui qui la çédé et qu’il est mal venu de se plaindre d’une situation qu’il a lui même créée en toute connaissance du résultat inéluctable, étant au service des commanditaires qui le soutiennent

Je pense que la solution ne réside ni dans la régulation, ni la réglementation, mais dans la réappropriation publique couplée à une gestion par les citoyens, les syndicats, associations démocratiques, avec pour seul critère l’intérêt publique affectant les bénéfices à la recherche développement, la santé, l’éducatio, la culture,tout ce qui est utile au peuple.

Si le gouvernement du Vénézuéla a réussi à se réapproprier les principales ressources naturelles de ce pays, malgré la volonté des Américains et leur proximité géographique, c’est certainement en raison de la clarté et de la volonté de son projet, qu’il a su faire partager à la population, volonté contre laquelle la puissance agressive impérialiste se casse les dents, tant que dure l’unité du peuple, ceci est à méditer pour la France et les leaders d’opposition de la {vraie gauche}

BOUDET Pierre 10 juillet 2010 à 15 h 52 min

Trouvant les articles de Patrick très pertinents, j’aimerais les transférer aux personnes de mon carnet d’adresse IP, mais chaque fois que je tente de le faire le contenu du texte disparait, si quelqu’un pouvait m’indiquer la procédure à suivre qu’il en soit remercié par avance

lismonde jean 10 juillet 2010 à 18 h 38 min

je suis intéressé par les articles , mais pour les imprimùer je dois passer par de lonques colonnes proposant diverses informations.

Comment faire pour imprimer l’article porposé.

Merci

maginot jean-pierre 17 juillet 2010 à 19 h 43 min

Cet article ne fait que confirmer la nécéssité que seule une mobilisation des peuples est nécéssaire pour combattre ces mltinationales qui polluent et détruisent notre planète au seul objectif<la recherche du profit maximum< quelqu'en soit les conséquences pour l'humanité toute entère.
Confier nos retraites aux actionnaires des fonds de pensions serait un suicide collectif pour les salairiés.
La mobilisation s'impose davantage si nous ne voulons connaître les désagrément des retraités d'outre- manche.
Un seul mot d'ordre

le gobi énervé 21 juillet 2010 à 13 h 47 min

Les responsables de cette catastrophe mondiale doivent être traduits en justice pour crime contre l’humanité :Transocean, british petroleum et halliburton, et les peuples du monde se constitueront partie civile, les tortues marines et autres créatures agonisant en silence…

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