Contrôler les prix ?

le 13 janvier 2022

Lors d’une récente intervention matinale à la radio, le président du Medef a laissé clairement entendre que les hausses actuelles des prix à la consommation ne seraient pas conjoncturelles, mais durables.

On ne sait s’il s’agit là d’une préparation de l’opinion ou d’un souhait de sa part. Car, depuis des mois, les gouvernements de la zone euro laissent grimper l’inflation au nom de la « croissance », mais surtout pour ne pas déstabiliser les marchés financiers.

Pour préserver la finance, ils laissent donc les souffrances sociales des plus modestes s’aggraver. Du coup, à moyen terme, l’argument de la croissance est très discutable. Réduire les possibilités des travailleurs et des retraités d’acheter ce dont ils ont nécessairement besoin risque, assez vite, de ralentir la dite « croissance ».

Dans de larges cercles du monde des affaires, on considère que l’actuelle inflation peut devenir le prétexte pour augmenter les taux d’intérêt qui évidemment enflerait les profits des banques et des requins de la finance. Ceci serait profitable aux marchés financiers jamais rassasiés, qui conformément aux traités européens défendraient la stabilité monétaire en promouvant une nouvelle austérité.

On comprend mieux dès lors, que de puissantes forces agissent pour ne laisser comme choix à l’élection présidentielle qu’entre des droites et… des droites… pour ouvrir une nouvelle offensive contre l’État social et les droits et protections sociales.

En mettant l’accent sur les enjeux sécuritaires ou identitaires, ce sont les exigences des puissances d’argent de procéder à une violente purge sociale, que l’on camoufle.

Ce ne sont ni les travailleurs, ni les retraités, ni les petits épargnants, ni les créateurs qui ont installé la mondialisation capitaliste construite sur une logique de flux tendu, dont profitent les grandes chaînes logistiques qui font exploser les prix des produits de plus en plus importés.

Ce ne sont ni les travailleurs, ni les retraités, ni les petits épargnants, ni les créateurs, qui ont dérégulé et privatisé les secteurs de biens communs essentiels. Ce ne sont pas eux non plus, qui ont favorisé la stratégie des grandes entreprises qui transfèrent les hausses des prix vers les consommateurs et les entreprises sous-traitantes, tout en pressurant les rémunérations du travail.

On constate que la rareté de certaines matières n’empêche pas les grandes entreprises de réaliser des profits faramineux obtenus en bénéficiant des soutiens financiers publics accordés durant la pandémie, des largesses accordées par la Banque centrale européenne, et de toutes les dispositions fiscales et sociales favorisant le capital décidées ces dernières décennies.

Dans ces conditions, l’augmentation des prix constitue bel et bien un hold-up sur l’argent des ménages pour grossir les profits des entreprises et la rémunération des actionnaires. Ceux-ci vont toucher un pactole : plus de 2 000 milliards de dollars de dividendes extorqués au travail. Plus que ce qu’ils percevaient avant la pandémie !

La rentabilité des grandes entreprises et le haut niveau de rémunération des actionnaires ici et ailleurs, sont permis par les contre-réformes du droit du travail et les allégements fiscaux et des cotisations sociales.

Ces ressources colossales détournées à leur profit pourraient servir à augmenter la rémunération du travail et supporter un contrôle des prix.

C’est la condition pour stopper la cherté de la vie, notamment en bloquant les prix des produits de première nécessité.

Il s’agit d’une disposition fondamentale, loin des petits pansements que sont les « primes inflation » du gouvernement. Évidemment, pour éviter les effets pervers notamment sur l’emploi et les trésoreries des petites et moyennes entreprises sous-traitantes, une telle disposition devrait être accompagnée d’autres orientations fondamentales. Parmi celles-ci, un processus de sécurisation des emplois et le déploiement d’un plan audacieux pour la formation des salariés aux métiers, technologies et industries d’avenir, en lien avec les enjeux numériques, écologiques, de santé et d’éducation.

Ce blocage des prix devrait aussi s’accompagner d’un mécanisme de contrôle des capitaux contre la spéculation et pour la réorientation de l’argent public et privé vers des activités et des services utiles.

Les petites entreprises devraient être soutenues et les revenus paysans améliorés en faisant cesser le pillage que leur inflige les mastodontes de la grande distribution. Abaisser les prix d’un certain nombre de produits est rapidement possible en diminuant les impôts indirects qui frappent les consommateurs. Cela nécessiterait évidemment de faire contribuer le capital et la minorité des possédants au bien commun.

On voit donc que le débat sur le contrôle des prix ouvre un vaste champ d’actions. Il pourrait initier un processus de transformation du mode de production et pose pour une part importante, la question de la propriété.

On le voit bien pour le secteur de l’énergie, où les dérégulations et privatisations aboutissent à une envolée des prix de ce bien commun indispensable. Elle pèse désormais considérablement sur le budget des ménages. Évidemment, les marchés financiers et les grands actionnaires ne veulent à aucun prix de tels projets mettant en cause leur domination.

Raison de plus de porter haut le débat pour un contrôle des prix et l’augmentation des rémunérations et des retraites. Ce serait là, un moyen d’unifier les nombreuses actions en cours, tout en poussant les réflexions sur le nécessaire processus de transformation sociale et écologique.

Patrick Le Hyaric 11/01/2022


11 commentaires


Moreau 13 janvier 2022 à 19 h 02 min

Le communisme français et européen selon ce que j’en pense au vingt et unième siècle, mérite quelques approches démocratiques authentiques universalistes dont l’une constate que si les Communistes français et européens n’ont pas toujours raison sur tout mais ils ont souvent eu raison de défendre le principe des moyens d’existence accessible pour toutes et pour tous qui cependant ne doit pas faire l’inactivité voire l’inutilité des femmes et des hommes ; par contre ils devraient penser à intégrer au sens littéral le développement d’un associatif horizontal qui se perd depuis un certain nombre d’années manquant de programmes et d’alternances assez communistes, et attention car la disparition de l’associatif horizontal notamment culturel populaire majeur correspond à un effacement de la vraie république alors qu’il faut toute la république et la nouvelle république, nouvelle société, société du vingt et unième siècle.

Moreau 13 janvier 2022 à 20 h 34 min

Les Communistes français et européens ont toujours chaque année des réponses méritant d’être débattues en de bonne réunions ouvertes aux mouvements républicains authentiques universalistes spécifiques, aux vraies difficultés, aux vraies problèmes, en ayant la démocratie participative citoyenne du second degré notamment comme ligne éditoriale si je peux dire ainsi ; car sans être bien débattues, elles sont, notamment pour les plus coûteuses en argent ; disproportionnées avec une proportion d’inadéquation, et ça, ça participe à décider de s’abstenir parce que le moment de vote n’est pas le moment d’ameublir le programme pour qu’il soit bien pour toutes et pour tous.
Il y a ce problème dans la France du vingt et unième siècle et forcément dans l’Union Européenne en même temps : la gauche socialiste et communiste authentique universaliste devrait au moins être une opposition républicaine au sens littéral rassemblant plus ou moins et environ une moitié de la population.

Il ne faut pas sur-construire la France et l’Europe, mais il faut bien les construire, et probablement faire un peu plus que la République en Marche parce qu’elle n’est pas tout le développement toute seule, mais quand même elle répond en partie à la crise politique depuis 2017. Il faut le dire. Et je pense que pour la vraie réussite de la population, il faut savoir repartir sans les erreurs des siècles antérieurs, c’est simple, et je crois au fond que c’est tout ce que demande le Peuple, alors les Abstentionnistes trouveront pour qui bien voter (les abstentions étant des verdicts pour des raisons bien fondées).

Kowalyk Victor 16 janvier 2022 à 12 h 20 min

Patrick Le Hyaric démontre bien le cynisme de la finance qui est prête à favoriser une expérience fasciste pour le pays à l’image slogan “plutôt Hitler que le Front Populaire” des années 30.Un journaliste, Henri de Kérillis, du journal d’extrême droite “Paris-Jour” pourrait tout à fait incarner Zemmour le factieux,le raciste, l’antisémite. La finance dans ses froids calculs égoïstes envisage le pire pour notre pays. Concernant la Grèce, l’ UE et l’Allemagne ont osé proposer aux grecs des taux d’emprunts à 22% alors que la Grèce, avec Varouflakis réclamaient 195 milliards d’€ à l’Allemagne pour dommages de guerre 1939-1945 jamais soldés. Fraternellement. Victor Kowalyk 03300 Cusset

alain harrison 17 janvier 2022 à 0 h 31 min

««« On voit donc que le débat sur le contrôle des prix ouvre un vaste champ d’actions. Il pourrait initier un processus de transformation du mode de production et pose pour une part importante, la question de la propriété. »»»

«««« un vaste champ d’actions »»»»

Dans quel cadre ?
Qui serait suivi d’effets.
Et quelles instances seraient légitimes et au bout du compte reconnu par le droit international ?

Les changements devraient se répercuter sur l’ensemble de la Nation de telle sorte, d’inspirer d’autres nations.

Comment voyait Jean Jaurès ?

Moreau 17 janvier 2022 à 18 h 02 min

Il faut des marchandises sociales : moyens de transports individuels de qualité et de caractéristiques communes satisfaisantes ; équipements et services informatiques répondant aux besoins réels qui doivent se trouver à proximité dans chaque département, et ceatera… Penser à l’alimentation, c’est bien, il le faut ; mais il faut penser aussi à tout le nécessaire et l’indispensable.

kdHZKqvMRcrYXg 21 janvier 2022 à 7 h 37 min

vDMpeEdHGJVYkU

zrbjOARMVXkfNqlJ 21 janvier 2022 à 12 h 32 min

qkhuZpEXc

ZUvbQLhjqSxf 22 janvier 2022 à 7 h 54 min

kmVBNiOxfs

alain harrison 24 janvier 2022 à 21 h 38 min

Bonjour.

Un article qui donne à réfléchir et qui renvoie à notre condition d’ humain depuis la naissance de l’homme.

Un extrait:
««
Et le changement apporté par la révolution sanguinaire de Pinochet a presque été génétique. Et quand les Chiliens commencent à se retrouver en un seul peuple, il suffit d’un claquement de fouet pour réactiver l’individualisme, la méfiance et la compétition. »»
Chili : Propositions pour la nouvelle Constitution
19 Janvier 2022, 20:12pm | Publié par Bolivar Infos
par Federica García

Le chapitre 1 du livre de Jean-Marie Abgrall, tous manipulateurs tous manipulés.

De la condition humaine, chassons l’ignorance.

alain harrison 22 février 2022 à 21 h 35 min

Les start up si chère à Macron,ne seraient-elles pas le nouvel eldorado esclavagiste ?
Quand on regarde les suiveurs s’exclamer devant les leaders des GAFAs. Les nouvelles religions ?

alain harrison 22 février 2022 à 21 h 37 min

L’Histoire

https://www.youtube.com/watch?v=EyzcW-bpsp0

Répondre à alain harrison Annuler la réponse

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter