Combativité, unité, audace

le 1 avril 2010

 

Après le cycle des élections régionales, les forces politiques entament depuis la semaine dernière une nouvelle étape, les yeux fixés sur l’horizon de la présidentielle de 2012. Le Président de la République et le premier ministre aggravent encore le déni de démocratie. « Pas question de changer de cap » ont-ils martelé en réaffirmant qu’ils feront voter contre vents et marées la dislocation de l’agencement des collectivités locales et régionales, le maintien de l’injuste bouclier fiscal, l’amplification de la suppression des emplois publics, le blocage des salaires et surtout la contre-réforme réactionnaire des retraites. Pour faire bonne mesure, le prix du gaz augmente une nouvelle fois alors que tant de familles populaires ne parviennent déjà pas à régler leur facture d’énergie.

Cette surdité aggravée du pouvoir n’est pas un problème médical, c’est une grande question politique. Ceux qui gouvernent ont décidé de passer en force parce que cela correspond aux intérêts de l’infime minorité des rentiers, des spéculateurs, de l’internationale des requins de la finance.

Ainsi, ils ont choisi d’engager un bras de fer contre le peuple, dans le prolongement de leur pratique de ces dernières années: refus d’entendre la protestation des jeunes des quartiers populaires, le non au référendum sur le traité européen, et aujourd’hui, refus d’écouter le message de ces élections régionales. Difficile de faire pire en matière de mépris à l’égard de celles et ceux qui contribuent à créer les richesses de notre pays! Ceci peut avoir de redoutables conséquences, au moment où une crise générale atteint chaque individu, chaque famille, dans sa vie, dans son être, son utilité, dans ses repères, son regard sur la politique et les partis, son désir de progrès individuel et collectif.

Mais la situation n’est pas figée. Cette offensive de la droite contre les classes travailleuses, les retraités, les privés d’emploi, les précaires, les jeunes jusqu’aux cadres, professions intellectuelles, de la culture, de l’enseignement, de la recherche, de la justice, peut contribuer à les fédérer dans un immense mouvement pour renverser les tables de la loi de l’argent qui écrase tout. Tel devrait être l’objectif fondamental des forces de gauche, écologistes et de progrès qui se sont toutes réunies le week-end dernier.

De leur message on entend souvent : tactique, positionnement et stratégie. Ce n’est pas à négliger.  Mais franchement, qu’est ce que cela peut bien faire à celle ou à celui qui est au chômage ou à ceux dont le travail est menacé, ceux qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants, ou aux quinze millions de personnes qui désormais dans notre pays ne savent pas s’ils auront les cinquante euros nécessaires pour finir le mois, sinon les détourner d’une conception de la politique qui n’en fait pas les principaux acteurs et voudrait les cantonner au rôle de simples consommateurs ou spectateurs. Toutes celles et ceux là, c’est-à-dire la majorité de nos concitoyens, attendent de la gauche, ni des cris de victoire, ni des tactiques incompréhensibles sur d’improbables primaires ou autres postures présidentiables. Ils attendent qu’on les défende, tout de suite. Et ils attendent des propositions pour vivre mieux, pour redevenir maîtres de leur vie, pour pouvoir se projeter dans un avenir commun de progrès social et écologique. Ils veulent disposer de moyens, d’arguments clairs pour se défendre et maîtriser la construction inédite d’une perspective commune victorieuse, une perspective de  la réussite pour le plus grand nombre.

Les salaires ? Mais si on répartissait les 48 milliards de profits réalisés par les entreprises cotées en Bourse, on pourrait donner immédiatement 237 euros de plus chaque mois à tous les salariés. La sécurité sociale, les retraites ? Si les grandes entreprises payaient leur dette à la sécurité sociale et si les revenus financiers étaient prélevés au même niveau que les salaires, il n’y aurait plus de déficit et on pourrait améliorer la couverture sociale et les retraites. Les services publics ? Ils ne sont pas une charge mais un atout. Ils sont facteurs d’égalité. Et sans les entreprises publiques, on n’aurait jamais eu l’autonomie en matière d’électricité, le TGV ou l’Airbus. L’emploi ? Bloquons immédiatement tous les plans de licenciements. Aidons les PME et les entreprises en difficulté avec un nouveau système de crédit. Expérimentons un projet de sécurité sociale professionnelle.

La crise ? Elle est le résultat de l’accaparement des richesses par quelques uns. Elle met en cause le capitalisme lui-même. Elle risque de s’approfondir encore. Il y a danger car le Conseil européen vient de décider d’accentuer encore le pacte dit de « stabilité » qui devient un outil pour la super austérité et le chômage. Pour la première fois dans l’histoire européenne, les chefs d’Etats et de gouvernements ont décidé de faire entrer le Fonds monétaire international dans les finances de l’Europe, avec comme condition la mise sous tutelle des budgets des Etats et des sécurités sociales, de nouvelles pressions sur les salaires, l’emploi, la privatisation des secteurs publics, l’allongement du temps de travail et le recul de l’âge de la retraite.

Face à cela il faut faire front. Construire un front large, progressiste, citoyen, de gauche pour empêcher le pire à venir si, on laisse faire les tenants du pouvoir et du capital international. Un front large contre les marchés financiers. Un front pour un nouveau projet humaniste et authentiquement de gauche. Le Front de gauche a esquissé une telle voie. Il faut maintenant qu’il devienne une propriété populaire des électrices et des électeurs de gauche, des forces politiques, associatives, syndicales, culturelles, citoyennes, de personnalités, qui, sans être adhérents des partis fondateurs du Front de gauche et qui ne souhaitent pas le devenir, sont engagés dans des mouvements sociaux, syndicaux, intellectuels, tiers-mondistes, antiracistes, féministes ou écologistes. Tout ceux là peuvent maintenant constituer ce Front de gauche d’une force et d’une qualité nouvelle. Un espace commun où chacun compte pour un et apporte à l’édifice la richesse de sa diversité. Toutes celles et ceux là, avec les citoyens, peuvent travailler à un programme de résistance au pouvoir et au système et à un projet de sortie de crise, de changement, social, solidaire, démocratique, écologique.

Un tel Front de gauche se mettrait au service de tous les citoyens, progressistes, écologistes et de gauche. Il se placerait au cœur de la gauche et non  à sa périphérie, pour animer un mouvement populaire à vocation majoritaire, au bénéfice de toute la gauche qui, dès lors, incarnerait plus et mieux ses valeurs et des engagements au service du peuple.  Un nouvel élan pour le Front de gauche, débarrassé de tout ce qui écarte de la politique ces citoyens dont il a absolument besoin pour défricher les chemins inédits d’un post-capitalisme porteur d’espoir.


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GILLERON Bernard 1 avril 2010 à 12 h 24 min

Après avoir fermé la Radio où Manuel Valls défendait honteusement les thèses d’une deuxième gauche, en ressortant la “pensée-Rocard” qui fut sa seule théorie politique et en mettant en avant l’avantage de porter au pouvoir un homme de 40 ans parce que dans tous les autres pays, après cet age là on est déjà hors-jeu… Quelle misère!Mais heureusement peu de socialistes se retrouvent dans cette mouvance, surtout quand ils participent concrètement aux luttes sociales, que ce soit sous leur bannière syndicale ou celle de leurs sections ou fédérations.
Tu as raison d’appeler à l’Union de toutes nos forces, mais c’est assez maladroit de nous appeler à rejoindre ce “Front de Gauche”, qui nous a tant insulté dans le passé proche(dans les meetings et dans les manifs, surtout que je milite dans la ville de Martine Aubry, et que nos cortèges passent devant le siège de la Fédération du Nord du PCF, ou l’an dernier notre banderole PS de Lille, et le nom de Martine Aubry, ont été copieusement insultés par les Jeunesses Communistes regroupées devant le siège fédéral.
Aussi vaudrait-il mieux, symboliquement, abandonner ce “Front de Gauche”, qui ne doit qu’au sérieux du PCF d’avoir pu surmonter, les désirs de “meurtre rituel du Père” des ex-PS passés au PG(derrière Dolez qui fut 1er secrétaire Fédéral du Nord, très constable sur le plan démocratique) et la volonté de Mélenchon d’alliance contre nature avec les avanturistes du NPA, qui a précisément capoté à cause du sectarisme gauchiste de ce Parti, prêt à sortir les kalachnikovs, pour quelques slogans “offensifs” sans rien derrière: ni programme, ni peuple.
Tu évoques par ailleurs également la “Maison commune de la Gauche”, chère à Martine Aubry. Mais avec quelque raison, les autres forces peuvent refuser de la rejoindre, tant que le PS n’aura pas définitivement marqué sa rupture avec les Valls, Lamy(OMC), et DSK(FMI), Rocard et d’autres du même tonneau(Hollande et Royal entre autres)…Exit donc la Maison commune…
Peu importe les mots, c’est de contenu et de pratique communs, que nous avons besoin. Je me permets donc de re-proposer ma réaction de simple militant que j’exposais déjà la dernière fois ou je suis intervenu sur ce blog:

“Quand nous mettons nous sérieusement au boulot? Avec le PS, le PCF, les Verts, le PG s’il règle sa crise interne…
Arrêtons de construire des calendriers: mettons-les en œuvre. Et analysons et proposons…..
“ANALYSONS:
– la CRISE (dite souvent “systémique”) = dernière phase de la crise ultime du Capitalisme?
– baisse tendancielle des taux de profit arrivée à bout de cycle ?
– contradiction entre état des forces productives et rapports de production arrivée au point de rupture?
– Le capitalisme est vraiment à bout de souffle et il n’y a qu’à pousser un peu pour qu’il s’écroule?
“RÉPONDONS/PROPOSONS:
– Interdire le commerce de l’eau (Danielle Mitterrand et France-Libertés)
– Nationaliser l’Énergie?
– Fermer la Bourse (Frédéric Lordon) et, de facto, nationaliser le système financier?
– Changer de fond en comble les règles de présentation de la comptabilité privée: fini le poste “Capital social”, donc finie la répartition des profits aux “actionnaires” par des dividendes(actionnaires remplacés par des titulaires d’obligations rémunérés par un intérêt à taux fixe:3%,4,5%? plus?, qui ne leur donne aucun pouvoir dans la Gestion de l’entreprise) , répartition du “résultat d’exploitation” entre tous les participants de l’acte productif de l’entreprise: écart maximum: 1à 6?, 1 à 10?, 1 à 20?
– Plus de SA, mais des SCOOP, et des entreprises sociales et solidaires (cf. “rue des entrepreneurs”, samedi 20 mars, franceinter.com),
– Semaine de 35, 32H, voire moins? (cf. étude britannique ” 21 hours: Why a shorter working week can help us all to flourish in the 21st century”, by NEF-think-tank),
– Retraite à 60 ans, 55 ans pour les métiers pénibles,
– Imposition (comme l’a fait Roosevelt en 1944 aux USA), à 84%, puis 91%, des tranches de revenus supérieures à 25 fois le SMIC?)
– Protectionnisme européen (Emmanuel Todd)
“Tout ça dans le rapport de forces droite/ gauche aux niveaux européen, et mondial…:
“Qui a des réponses? J’ai les questions…”.-fin de citation-

Ce texte je l’ai diffusé parmi mes camarades du PS du 59 (qui a des “circuits courts” avec la rue de Solférino) et je ne suis pas exclu, au contraire…
La balle est donc aux sommets, arrêtons de nous parler par blogs interposés et que Marie-Georges, Martine et Cécile, arrivent à se mettre d’accord pour donner le feu vert des rencontres de travail, sachant qu’il nous faudra nous les socialistes de gauche, passer le cap difficile de la convention du projet, où une quantité de “fausses-bonnes idées” seront mises au débat…
Avec la certitude que nos propositions sont sûres, si elles sont adoptées, de rencontrer un accueil sincèrement unitaire chez les Verts et le Front de Gauche, et d’être alors des bases de discussions sérieuses entre nos organisations, nous serons plus forts pour les défendre en interne au PS, et déboucher sur un programme commun de changement(“d’évolution révolutionnaire”), des étapes claires de mise en application, et un système honnête du choix des candidats communs aux Élections présidentielle et législatives de 2012.
Venceremos!

VINCENT 3 avril 2010 à 16 h 43 min

Je me permet ces remarques avant d’en revenir à nos réflexions respectives sur l’appropriation sociale.
Bien évidemment pour dépasser le capitalisme, il faut déjà ouvrir des pistes alternatives si on veut un jour l’abolir. Etre anticapitaliste, antilibéral, etc; n’est qu’une posture si on clame que le mode de production entrave l’essor des forces productives et on n’ébauche pas des avancées dans le capitalisme même.
Plus fondamentalement encore, si on veut changer le mode de développement il est évident qu’il faut proposer une évolution du mode de production, des rapports de production et de la division du travail actuelle. Mais pas seulement, le libéralisme et sa notion du droit à la propriété privée, le capitalisme, façonne nos modes de pensée, nos modes de vie. Notre aliénation n’est pas seulement économique. Elle est aussi sociale.
Ce détour, pour bien insister sur ce point. Nos réflexions, nos arguments, nos propositions alternatives doivent partir de cette réalité, de cette dureté qui laisse de plus en plus d’hommes et de femmes sur le côté de la vie. Sans raison, autre qu’économique, inhumaine mais acceptée, intériorisée. Ces propositions alternatives à l’accumulation privée actuelle ne sont donc pas suffisantes en elles-mêmes. Ces avancées, en même temps, doivent « s’englober » dans une réflexion, utilisant ce début de remise en cause qui fait dire « on n’y est pour rien » à une très grande partie des travailleurs de ce pays et d’autres. Alors que si, le mode de vie, de pensée, actuels y sont pour quelque chose ! Nous sommes les créatures de ce rapport de production capitaliste. Il faudra bien affronter ces contradictions pour avancer.
Enfin, cette ébauche de dépassement du mode de production doit bien sûr être proposé « à toutes les gauches » pour qu’un véritable dialogue de fond s’engage.
J’en viens au débat en en proposant quelques bases
Pourqoui la liberté d’entreprendre serait obligatoirement entrepreneuriale ? Ne peut-on concevoir un entrepreneur responsable mais pas capitaliste ?
Proposer une société sans nationalisation-étatisation. Etatiser, c’est externaliser de la société. C’est délocaliser du privé au public. C’est donner à croire, qu’il faut protéger des biens et des services essentiels du libéralisme qui perdurerait. C’est ne pas vouloir affronter cette contradiction que les termes public et privé sont faits d’hommes et de femmes semblables et possesseurs potentiels du même sens de l’intérêt collectif. C’est le capitalisme-marché qui impose cette ségrégation qui disparaîtra avec lui. Dans le cadre de l’émancipation à venir, il faut appeler à une prise en main par les salariés de la production de ces biens et services communs, sous le contrôle des usagers, des collectivités, décentralisés, au plus près des besoins de la population.
Proposer une société où les fonctions dirigeantes ne sont pas héréditaires où aucune personnalité ou lignée n’en n’est propriétaire. Car l’Histoire nous a aussi enseigné que contrairement à ce que sous-tend le libéralisme, la somme des intérêts individuels ne correspond pas à l’intérêt général. Celui-ci ne peut se confondre avec un simple arbitrage entre intérêts particuliers mais suppose un contrat social, des règles qui englobent la prévision – c’est-à-dire ce que nous voulons, en tant que société, être, faire, et comment –, la gestion collective des affaires publiques, la justice – des lois qui s’appliquent à toutes et tous –, la liberté – qui ne soit pas seulement celle de sa condition – et l’égalité – qui ne se résout pas dans l’équité. Il n’est pas question de nier les talents individuels, les capacités à animer un équipe, la volonté d’entreprendre que chaque homme ou femme doit pouvoir déployer librement et en recevoir juste salaire. Mais d’extraire cette aspiration de la gangue capitaliste qui maintient en ces fonctions une caste qui le plus souvent devient héréditaire et s’élève non par le talent reconnu mais par l’héritage et sa place dans la structure sociale.
La crise actuelle prouve que les dogmes libéraux ne sont pas des lois naturelles mais de simples règles (qui peuvent donc évoluer, changer) imposées par les élites dirigeantes. Elle démontre aussi que les néo-libéraux, avatars du libéralisme qui considéraient la sphère politique comme un obstacle au fonctionnement du marché et le calcul rationnel en aucun cas guidé par la morale le seul déterminant des comportements individuels, au nom de celle-ci appellent aujourd’hui l’Etat à leur secours. Les politiques s’y conforment reniant leurs propres critères.
Proposer une société sans marché puisque qu’il est constitutif du capitalisme, de l’inégalité, dont la seule logique est le profit sans relation avec les besoins des hommes et les possibilités de la nature. Où le contrat ne déboucherait pas sur la domination d’élites issues de la révolution informationnelle et des connaissances, pourvoyeuse des excès de la société de consommation, s’opposant à leur partage et mise en commun, à une remise en cause des rapports de production.
En asséchant les marchés, sur la grève s’étalera toujours le capitalisme. Il conservera la mainmise sur l’économie et tous ses leviers politiques, prêt à de nouvelles constructions pour augmenter son profit.
Donc chercher dans la libre-association une réponse au contrat individuel privé découlant du capitalisme-marché. Mais la libre-association ne peut être que si le lieu, le lien de l’association, du contrat : l’entreprise, n’est pas la propriété d’une partie, rompant ainsi l’égalité. La libre-association n’exclut pas la spécialisation des rôles, les hiérarchies techniques dans l’entreprise.
La nouvelle forme d’entreprise ne peut se concevoir que si elle est le moyen de production de biens et services, utilisé par les travailleurs qui créent ou organisent leur collectif, sans être leur propriété. Pour cela le capital qu’elle se constitue par l’activité de ses membres doit être inaliénable comme ses moyens de produire, contrepartie en cas de difficultés – ce nouveau type d’entreprise peut mourir. La constitution de ce capital, au fur et à mesure de l’évolution de son activité et de ses résultats, se fait par le travail de salariés différents au fur et à mesure du temps qui passe et profitant du travail de ceux qui les ont précédés.
En abolissant les plafonds des livrets réglementés, en utilisant l’épargne salariale correctement rémunérée, on réorientera déjà en partie l’épargne spéculative des particuliers vers des financements nouveaux utiles au développement humain : logements, éducation, santé, etc., mais aussi aux créations de ces entreprises d’un type nouveau et leur développement. »

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