Cette année peut être décisive !

le 5 janvier 2012


L’année qui commence va beaucoup compter pour chacune et chacun d’entre nous. Les vœux de santé et de vie meilleure que nous formulons s’accompagnent d’un appel à la vigilance, à la mobilisation la plus unitaire pour empêcher que la situation du monde comme celle  de chaque famille ne s’aggrave. 2012 va-t-elle s’inscrire dans le prolongement des années précédentes avec la spirale sans fin des crises sociales, économiques, écologiques, politiques et un recul de civilisation? Ou, au contraire, les forces progressistes, dans leur diversité, vont-elles, avec le peuple, s’attaquer aux racines du mal en proposant des débats, des interventions,  des innovations qui permettent à une mobilisation citoyenne de se situer à la hauteur de la gravité de la crise et des bouleversements en cours ? N’est-ce pas ce grand enjeu qui devrait être placé au cœur de la campagne électorale en cours en lieu et place des actuelles mesquines palinodies? Il ne faut rien connaitre de la réalité des souffrances et des angoisses qui taraudent chaque jour tant de nos concitoyens pour accepter ou participer à un débat aussi indigent que celui qui nous est majoritairement proposé, à longueur d’antennes et d’écrans de télévision. L’un de nos premiers souhaits est d’obtenir un débat honnête et approfondi entre des options différentes sur les moyens de sortir de l’actuel marasme. Que toutes les cartes soient sur la table ! Qu’une multitudes de confrontations entre économistes, chercheurs, philosophes, salariés, créateurs, syndicalistes, responsables politiques, dirigeants d’entreprises d’opinions diverses soit organisée à la télévision pour permettre au plus grand nombre de participer aux réflexions et de se faire sa propre opinion. Voilà qui nous ferait sortir des sentiers battus ! Voilà qui apporterait une bouffée d’air pur à la société ! Voilà qui ferait reculer les national-populismes d’extrême droite qui menacent partout sur le continent européen !

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Les puissants qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé ne veulent surtout pas d’un tel débat démocratique. Ils en ont peur car ils savent que d’une telle initiative pourraient sortir des solutions radicalement neuves mettant en cause leur pouvoir et leurs privilèges. Ils savent  que pourrait émerger le projet d’une autre organisation de la société qui placerait en son cœur l’être humain et son environnement. Une société nouvelle s’inscrivant dans un processus post-capitaliste dans laquelle on considèrerait qu’à quelque point du globe qu’il se trouve,  tout ce dont un être humain  a besoin pour  vivre , se développer, créer, se cultiver deviendrait des biens inaliénables de haute nécessité. La nature, les écosystèmes, la biosphère seraient un bien commun de l’humanité à préserver, à améliorer. Toutes les politiques découleraient de ces impératifs. Vœux pieux, diront certains. Non ! Légitime et indispensable ambition de notre époque !

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En effet si la politique ultra-droitière qui prévaut actuellement en Europe avec a sa tête ce curieux duo Sarkozy-Merkel se poursuit, il est sûr que tout va s’aggraver. Pour la raison simple qu’elle  ne vise pas la satisfaction du plus grand nombre, le service de l’intérêt général, mais la défense  acharnée d’un système économique et politique dont la règle absolue est la rentabilité financière et le profit. Si ce système a permis durant  un temps des progrès pour nos sociétés et pour  l’Humanité, il est aujourd’hui porteur de régressions et fait courir d’énormes risques aux populations et à la planète. Le capitalisme, que d’aucuns promettaient de “moraliser”,   devenu de plus en plus financier, secrète injustices et inégalités, pauvreté et famine, chômage de masse et destruction d’activités industrielles, agricoles, technologiques, insécurités sanitaires et insécurité environnementale, gâchis de tous ordres. A un point tel que dans des pays dits développés, un nombre de plus en plus grand d’êtres humains est privé du minimum vital que représentent les droits à  l’alimentation, à la santé, à l’énergie, au logement ou au transport.

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A ce moment historique, au point si profond  et si inquiétant où se développe  la crise générale qu’engendre ce système lui-même en crise, toutes les tentatives de l’aménager échouent. Nul n’a pu le dompter, car le profit, la rentabilité financière, la plus value tirés du travail mis en concurrence sur toute la planète sont ses aliments, son moteur, son guide suprême.

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Face au mécontentement grandissant des peuples,  les dirigeants européens installent des élites politiques liées à l’oligarchie financière et bancaire à la tête de chacun des Etats. Le prétexte invoqué est leur « technicité », leur connaissance de « l’économie ». En vérité, ils ne sont que les exécutants directs des exigences du capital contre les travailleurs. Désormais, des chefs de gouvernements et des ministres de l’économie, dans plusieurs pays européens, sont d’anciens cadres des banques américaines ou de la Banque centrale européenne. Et voilà qu’ils en sont désormais à tenter d’imposer des modifications de toutes les constitutions nationales pour pérenniser leur domination en réduisant les souverainetés populaires.

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Ils déclarent  ne pas trouver  d’argent pour racheter les dettes des Etats, ou  maintenir l’aide aux plus démunis, ou créer les conditions d’un revenu minimum d’existence européen.  Mais la Banque centrale européenne a subitement débloqué, à la fin du mois de décembre, cinq cents milliards d’euros en faveur des banques. Ces mêmes banques qui refusent d’accorder un crédit peu cher aux entreprises en difficultés ou aux PME, PMI qui veulent se développer tandis qu’elles avancent aux Etats ce même argent à des taux usuraires, gonflant ainsi leur rente financière.

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Ces mêmes dirigeants européens, sous la dictée de Mme Merkel et de M. Sarkozy, inventent un système où -si le nouveau traité européen en cours de discussion était adopté- les parlementaires n’auraient même plus le pouvoir de décider de la conduite de l’Etat, de sa gestion, des orientations budgétaires, de sa politique économique. Il est ainsi prévu que le budget des Etats, c’est-à-dire les impôts ou les services publics, et les options économiques qui s’y appliqueraient seraient décidés par une instance non élue : la Commission de Bruxelles.

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Ces décisions n’ont rien à voir avec la recherche d’une quelconque efficacité économique, mais tout avec le service aux puissances financières. Ce nouveau régime politique, autoritaire en germe, sera à mettre en échec dans les semaines et les mois à venir. C’est l’un des défis de cette année.  La capacité des peuples à maîtriser leur destin collectif en dépend. En particulier, celle de construire ensemble sur notre continent, une nouvelle Europe solidaire, internationaliste. Cette possibilité serait niée pour très longtemps si l’actuel projet de traité, d’essence dictatoriale, l’emportait. Il accentue en effet  les aspects les plus négatifs de ceux de Maastricht et de Lisbonne et porte en lui les ferments de la division européenne, de tensions nouvelles dans le cadre de l’accentuation de la guerre économique. Savoir si les européens ont besoin d’un projet pour le capitalisme ou pour eux et  une Europe du monde du travail, de la création et des jeunesses, tel est bien l’un des enjeux majeurs des prochaines élections présidentielles et législatives.

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Nos concitoyens ont rejeté hier ces traités qui nous ont menés à la crise et font dangereusement reculer dans les esprits le nécessaire besoin de coopération européenne. Notre journal s’honore d’avoir contribué avec d’autres forces politiques et sociales au décryptage du traité anticonstitutionnel et à son rejet. Malheureusement ce que nous avons dénoncé à l’époque s’avère exact. Douloureuse expérience pour ceux qui ont sincèrement cru aux bienfaits de ce qui leur était proposé. Aujourd’hui, le Front de gauche reprend le flambeau et appelle à une confrontation loyale des points de vue conclut par   une consultation des citoyens sur ce projet de traité européen concocté par les oligarchies financières. Nicolas Sarkozy en est le principal propagandiste en France, la famille Le Pen assurant la promotion de sa variante national-capitaliste, tendance populiste dont la vocation est de boucher les issues à celles et ceux qui auraient tant besoin que leur vie change enfin. De son côté, François Hollande a avancé l’idée d’une “renégociation”. Sur quelles bases ? Comment ? Avec qui ? Quand ? Pourquoi faire ? Une renégociation-toilettage n’aurait que peu d’effets comme on l’a vu en juin 1997 avec l’acceptation du pacte européen de stabilité. Autant de questions qui ne font que renforcer la légitime exigence d’un débat sérieux permettant l’implication des forces vives du pays et des citoyens eux-mêmes.

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Le fond de l’affaire est décisif. Il porte sur les causes et la nature de l’actuelle crise, sur  la répartition des richesses, sur la place d’une démocratie de type nouveau. C’est pour être sûr que de plus en plus de richesses issues du travail continuent d’être transférées vers le capital que les dirigeants européens, au service des puissances d’argent, prennent ces décisions. Réduire les dépenses sociales et publiques, pousser aux baisses de rémunération pour les aligner sur les salaires les plus bas en Europe et au-delà dans le monde, précariser et flexibiliser le travail, voilà ce qui les guident. Autant d’éléments qui étaient en filigrane dans les traités de Maastricht et de Lisbonne, que l’expérience a douloureusement éclairés, qui sont maintenant noir sur blanc dans le « Pacte euro-plus » et dans le nouveau projet de traité. C’est ce que propose depuis la présentation de ses vœux, M. Sarkozy avec l’abaissement des salaires et des niveaux de protection sociale, au nom de la « baisse du coût du travail », au nom de la compétitivité et une nouvelle augmentation de TVA, déguisée derrière le vocable de « TVA sociale ». Elle sera anti-sociale !

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Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche montrent à quel point l’augmentation des salaires, l’arrêt des suppressions d’emplois, l’aide aux entreprises en difficulté par un crédit sélectif et bonifié, la visée de la création d’une sécurité sociale professionnelle et de la formation, le retour à la retraite à 60 ans, la réduction du temps de travail, la relocalisation des activités industrielles et de services, le développement d’une agriculture paysanne, la création d’un pôle public bancaire et financier au service de l’investissement, de l’emploi et de la transition écologique, l’investissement dans de grands programmes de logement, de transport et de santé, pour l’éducation nationale et la culture, sont des choix modernes qui parce qu’ils garantissent l’accès de chacun et chacune à ses droits et sont efficaces pour l’économie et l’écologie. Bref, efficaces pour sortir de la crise.

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C’est cet autre chemin que nous proposons de défricher pour inventer une autre société, une nouvelle Europe et un autre monde, de justice, de liberté, de paix. C’est au niveau de cet enjeu, celui d’un nouveau projet de civilisation humaine que devrait, selon nous, se situer  la campagne des élections présidentielles et législatives.

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Hélas, le complexe médiatico-politique inscrit ces élections et la politique en général au cœur d’une société du spectacle loin des préoccupations populaires, loin de la vie de celle ou celui qui est contraint de se rendre à la  permanence du secours populaire, loin de la vie sombre du chômeur, ou de celle de plus en plus difficile de l’infirmière, de la caissière de supermarché, du jeune, angoissé et en quête d’avenir. Mais aussi du créateur, du chercheur, de l’enseignant ou de l’entrepreneur qui, eux aussi, voient leurs activités se heurter au mur de l’argent et du mépris. La crise bouleverse en profondeur les plaques tectoniques de notre monde, à tel point qu’un monde nouveau se cherche et tente d’émerger. Il est de la responsabilité des forces progressistes d’inventer ce nouveau projet post-capitaliste apportant réponse aux crises économique, écologique et à celle du genre humain.

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Puisse cette année 2012 être une première pierre posée dans cet immense chantier de la transformation sociale et écologique pour l’émancipation humaine. Le Front de Gauche peut en devenir un des outils majeurs. Il doit pour cela encore s’élargir, s’ouvrir, se mettre au service d’un débat créateur et rassembleur à gauche, pour faire émerger des solutions neuves, se placer au cœur des préoccupations des classes populaires, dans les usines et les cités populaires, les universités et  les bureaux. C’est ce comportement politique, porté partout par toutes les composantes du Front de gauche et bien au delà, par une multitude de citoyens qui peut, parce que l’utilité en est ressentie au service de tous et  de la gauche toute entière, créer une dynamique favorable au vote Jean-Luc Mélenchon. Vote anti-Sarkozy, anti -Le Pen, anti austérité par excellence. Vote d’union et d’espoir en l’avenir.

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