Battre le projet « Macron-régressif » sur les retraites

le 13 décembre 2022

La semaine dernière, je me suis longuement attardé, ici, sur l’indispensable bataille à développer pour empêcher l’étatisation de la protection sociale, en promouvant un processus ou les assurés sociaux et les salariés eux-mêmes deviennent maîtres de bout en bout de la gestion des caisses de sécurité sociale.

Ce combat devrait s’inscrire dans un cadre où les travailleurs sont souverains de leur travail, comme l’ont montré Karl Marx et Jean Jaurès.

Déléguer la gestion de la Sécurité sociale aux gouvernements au service des puissances d’argent c’est se condamner à la poursuite des régressions sociales, à l’affaiblissement de l’hôpital public, à la réduction des remboursements des soins et médicaments, et au recul de l’âge de départ en retraite.

Offrir une perspective mobilisatrice oblige aujourd’hui à porter le débat et le combat à ce niveau au moment où le pouvoir macroniste tente d’imposer un considérable recul de civilisation, avec le report de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans.

Le refus majoritaire de nos concitoyens de cette contre-réforme, l’unité syndicale contre elle largement soutenue dans la population conduisent le Président de la République à manœuvrer en retardant la présentation de sa régression sociale au 10 janvier 2023. Ce n’est sans doute pas un signe de force. Mais, prenons garde, car ce peut-être aussi le moyen d’empêcher les mobilisations populaires. Cela ne l’empêche pas de vouloir la faire avaler à la hussarde, par un additif au budget rectificatif de financement de la Sécurité sociale, au début du mois de février. Il ne faut pas non plus exclure que le pouvoir prenne plus de temps pour convaincre un à un les députés de la droite de voter ce texte puisque cette même droite majoritaire au Sénat a déjà voté une telle contre-réforme. Rien de tel pour élargir les voies pour l’extrême droite. L’urgence est donc de développer un mouvement social, populaire, large, unitaire contre la « régression –macron » qu’il s’agisse du recul de l’âge de départ en retraite ou l’augmentation de la durée des cotisations.

Ensemble, tous les syndicats et les organisations de jeunesse appellent à la mobilisation.

Les forces progressistes regroupées au sein de la Nupes appellent à les soutenir et vont multiplier débats et rencontres publiques. Fabien Roussel a relancé l’idée d’une consultation du peuple par référendum et une pétition est mise à la disposition des citoyens pour qu’ils puissent le réclamer.

Partout où nous le pouvons, aidons à cette mobilisation pour gagner, c’est-à-dire mettre d’abord en échec le projet du pouvoir et des milieux d’affaires.

On ne peut accepter d’allonger encore la durée du temps de travail des plus âgés dont les corps sont souvent fatigués, usés, alors qu’à leurs côtés, six millions de personnes sont privées d’emplois et d’autres ne disposent que d’un emploi précaire.

Une telle contre-réforme accentuerait encore les inégalités de classe. Déjà l’espérance de vie des 5% plus pauvres est inférieure de 13 années comparées à celle des 5% des plus aisées. Pire. Avec un tel report de l’âge de la retraite, une partie des plus modestes en serait totalement privée. En effet, à l’âge de 65 ans, 23% des personnes les plus pauvres sont déjà décédés.

Et les inégalités de revenus entre les femmes et les hommes en retraite seraient encore aggravées.

Il est faux d’affirmer que l’on vit désormais plus longtemps en retraite. Ce temps de vie avait déjà diminué d’un an entre les générations des années 1950 et 1953 et continue aujourd’hui de diminuer d’une demi-année par décennie.

En vérité, l’anti-humanisme capitaliste refuse de consacrer aux retraités une part plus importante des richesses qu’ils ont contribué à produire. Comme le réclament les milieux d’affaires, le pouvoir prépare l’appauvrissement généralisé des retraités tandis qu’il continue de comprimer les salaires. Et, l’actuelle illusion des « primes » en tout genre revient à affaiblir la protection sociale et les retraites faute de cotisations.

L’amélioration des retraites et de la protection sociale est liée à la promotion de l’emploi stable et correctement rémunéré, à l’amélioration des salaires et à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Ceci doit s’avancer, en reconnaissant l’utilité sociale et la qualification de chaque travailleuse et travailleur par la mise en place, pour toutes et tous, d’une sécurité réelle de l’emploi et des évolutions de carrières, avec les périodes de formations indispensables aux évolutions des métiers et aux transitions environnementales ou numériques.

Consacrer aux salaires et à la protection sociale, la même part de richesses crées par le travail qu’en 1993, supprimer les exonérations sociales et fiscales octroyées au fil du temps, augmenter les rémunérations du travail et éradiquer totalement le chômage et la précarité des jeunes au travail, obtenir l’égalité salariale femmes/hommes permettrait d’augmenter de 260 milliards d’euros les ressources disponibles pour le financement de la Sécurité sociale et donc des retraites.

Le problème aujourd’hui est bien la gestion capitaliste qui consacre plus d’argent à la rémunération du capital qu’à celle du travail alors que les multiples crises en cours appellent la maîtrise des travailleurs sur le travail, son utilité, son sens, son efficacité économique, sociale et écologique.

Sans attendre, ils peuvent porter le fer contre les énormes gâchis d’argent qui ne servent qu’au monde de la finance. Les prestations retraite sont de l’ordre de 340 milliards d’euros. Mais les revenus financiers des entreprises atteignent 385 milliards, dont 231 milliards de dividendes et 98 milliards d’intérêts.

Un prélèvement sur ces sommes contribuerait à dissuader les placements des profits en titres financiers, pour, au contraire, investir dans les réindustrialisations en lien avec les transitions environnementales et le déploiement de l’agro-écologie.

C’est une condition pour développer le travail et les créations de richesses utiles. Assujettir ces revenus parasitaires, au même taux que les cotisations vieillesse sur les salaires, rapporterait 40 milliards d’euros pour les retraites. À ceci, il conviendrait de récupérer d’autres ressources notamment par la fin des exonérations de cotisations employeur.

Par contre, on peut imaginer une modulation des cotisations plus favorable aux petites entreprises et à celles qui créent de l’emploi stable correctement rémunéré.

Que les travailleurs soient maîtres de la production et d’autres manières de produire en tenant compte des enjeux environnementaux et sanitaires, du bien être de toutes et de tous, pousserait à une nouvelle cohérence progressiste au service du bien commun. Ceci constituerait un bon en avant de la citoyenneté et de la démocratie.

Une telle perspective implique des pouvoirs réels des salariés sur l’utilisation de l’argent, le crédit et la création monétaire, dans le cadre de nouveaux secteurs publics élargis et démocratisés.

Le combat engagé, dans l’unité syndicale et celle des forces de gauche, contre le recul de l’âge de départ en retraite, pour une retraite à 60 ans pour toutes et tous avec 75% du dernier salaire après 40 années de cotisations incluant les études et les périodes de formation, est un pied à mettre dans la porte de ce nouveau chemin progressiste à défricher. Organisons partout sans attendre le grand débat populaire nécessaire.

Patrick Le Hyaric

12 décembre 2022


7 commentaires


Alain Harrison 16 décembre 2022 à 8 h 27 min

La transition environnementale est sans doute le plus grand rendez-vous. L’occasion ?

Transition à la carte ou transition à partir de la vue d’ensemble (les interactions et interdépendance) et agir à partir des ” clefs de voûte ” (leurs effets collatéraux).

Qu’est ce qui empêche ?

Alain Harrison 16 décembre 2022 à 8 h 29 min

La méconnaissance des clefs de voûte.

Moreau 16 décembre 2022 à 16 h 10 min

Vouloir un meilleur projet, c’est l’expression de la Démocratie.
Être des Hommes dans le sens des plus nombreux selon la culture populaire majeure tant ce sont les populismes qui n’ont pas les réponses nécessaires et indispensables, c’est être animé par la Création lisible en sorte de bouger chaque jour autant que c’est possible, sans être forcé, en aimant tout le monde et donc pour soi et pour tout le monde.
Recevoir – donner. Il y a des Hommes qui donnent beaucoup plus qu’ils reçoivent, ça peut être gaspillé, il ne faut pas que ce soit gaspillé, c’est aussi l’exemple à suivre.
Ceci étant dit, je suis entièrement d’accord que tous les Hommes doivent être souverains de leurs talents réels et des dons du meilleur d’eux-mêmes.
L’oisiveté extrême, oisiveté pour l’oisiveté est un fléau très grave.
Ce qui est une bonne certitude aussi, c’est qu’il faut remplacer la politique conservatrice de la culture plus préjudiciable et malheureuse que bonne, des Conservateurs Conservateurs (malgré toutes les guerres empêchant de vivre) et des Conservateurs Extrémistes (malgré toutes les guerres empêchant de vivre), à bien connaître des réalités dans les quartiers populaires des grandes villes ; par la culture populaire majeure qui a toute la richesse souhaitable mais qui est empêchée par l’absence de l’informatisation pour tous et pour tous de toutes les générations. Il y a une soixantaine d’années de retard en France et dans l’Union Européenne.
Pensez monsieur Harrison que c’est la politique conservatrice de la culture et les populismes qui ont fait en tout arbitraire des parties de générations sacrifiées, des SDF, des Oubliés…
Toute cette mémoire remet en évidence le changement souvent demandé qui est nécessaire, indispensable, urgent.

Alain Harrison 18 décembre 2022 à 8 h 25 min

La création lisible ?
Celle des hommes.
Qui sera toujours une interprétation de la réalité.
Mais, quel est ce changement urgent nécessaire et demandé ?
Comment le mettre au monde ?
Les idées n’ont pas réussi.
Regardez les efforts du Vénézuéla, un rappel du Chili d’Allende, que la puissance financière capitaliste essaie de réduire à néant, tout comme Cuba en les diabolisant, d’être des dictatures.
La clef de voûte en est la finance: endettement et austérité qui affaibli les systèmes de santé, d’éducation et économique. Faire crier les peuples.

Malheureusement, ni la Chine, et encore moins l’URSS, en faillite totale qui défie, malgré à tort, les US-Occident qui opposent le slogan démocratie au slogan dictature. En définitive la démocratie capitaliste à la dictature capitaliste.
Une finance privée à une finance d’état.
Hélas la finance d’état ne favorise pas le contrôle par les travailleurs. L’éducation sert à reproduire le statu quo historique: l’exploiteur et l’exploité. Il n’y a pas eu la libération des peuples. L’un est soft et l’autre autoritaire.

Le passage du néo-libéralisme privé au socialisme libérateur (liberté, égalité, fraternité de la Rév. Fr.) passe par l’éducation, la pédagogie et la participation engagé des générations à venir. Nous sommes dans l’ancien monde et ses modalités. La révolution non violente, n’en déplaise à certains, passe par les élections démocratiques. Ce qui manque, c’est l’organisation politique des citoyennes et des citoyens engagés à mettre en place les conditions pour ce faire.
L’évolution de l’organisation humaine a toujours sa source dans la connaissance de la nature qui nous fait vivre. Et aujourd’hui plus que jamais. L’agriculture en est un des meilleurs exemples: l’agro-monoculture industrielle versus la compréhension organique des terres.
Je conseil fortement à voir ce documentaire sur la créativité réelle que des chercheurs nous dévoilent. Nous négligeons trop notre propre écologie, notre condition d’humain: nature et culture. L’anthropologie n’est pas assez ancré dans l’éducation générale ?
Serengeti, les clefs de notre avenir. (une démonstration de ce que Korzybski résume ainsi: le su et le non su, ou encore Cousteau: capacité de mettre en lien ce qui semblent ne pas en avoir.

La culture comme vous l’appelez doit être porteuse de vérités, d’intégrités, d’honnêteté intellectuelle pour la sortie vers le haut.

Les mots peuvent servir à communiquer ou servir la confusion. Et nous sommes dans la confusion.

Moreau 18 décembre 2022 à 16 h 11 min

La Création lisible est celle des Écrivains de poésie qui ne date pas d’hier, mais d’hier et d’aujourd’hui.

Tout le monde ne vit pas dans la confusion telle heureusement, la culture populaire majeure a grâce à la Création lisible à jour, tout ce que les Hommes peuvent souhaiter pour sauver l’Humanité comme pour la vie telle qu’elle doit être.

La confusion monsieur Harrison elle est la division des populations ; la culture populaire majeure est universaliste, universelle, cosmopolite. Avec elle, nulle confusion, et pas de divisions des populations. La République authentique et les Hommes.

Tant de chaînes de télévision sur la Terre, et une telle confusion qui n’est pas du tout due à l’Art, ensemble de tous les arts majeurs ; quel échec dont souffre l’Humanité !

Moreau 18 décembre 2022 à 17 h 13 min

La confusion est toutes les divisions des populations dans le Monde, et aucune dictature n’est la bonne réponse à la problématique. Il faut l’Organisation républicaine des Nations Unies et la culture populaire majeure, ensemble des cultures populaires majeurs universalistes, universelle, cosmopolite.
De toute évidence, il y a eu un envahissement quantitatif de chaînes de télévision, et la qualité de la télévision n’existe pas davantage que la télévision du vingt et unième siècle existe. Il faut la culture populaire majeure universaliste, universelle, cosmopolite et la correspondance commune grâce à cette culture sans laquelle impossible de ne plus avoir de sectarismes, de populismes, d’extrémismes…
Il faut l’Organisation républicaine des Nations Unies.

chb 30 décembre 2022 à 23 h 16 min

L’âge de départ n’est pas qu’un concept légal imposé par le capital, en constant recul pour accroître la ponction des riches dans les poches des pauvres.
C’est aussi, dans la réalité de beaucoup de travailleurs qui ‘ne vont pas au bout’ car malades ou chômeurs, une fausse promesse d’atteindre une pension décente au bon moment.
Macron a besoin de nos sous, il a besoin de plus de chômeurs pour contraindre le peuple sous la botte de la finance, comme il a besoin d’urgences et de mensonges (terrorisme puis lepénisme puis gilets jaunes puis covid puis guerre à Poutine * et coupures d’énergie…) pour réprimer et écraser les libertés constitutionnelles, enterrer l’égalité et la fraternité.
Crever au boulot, crever de peur, ou de froid et de faim, crever devant les urgences fermées ou juste surchargées, c’est notre avenir dans le Projeeet du mauvais acteur que le pays a ‘choisi’ (par défaut).
A moins d’une étincelle qui réveille les masses ?

* en Ukraine martyrisée, ce n’est pas seulement “la guerre de Poutine” qui tue, mais aussi la guerre À Poutine, nonobstant la propagande qui voudrait cacher l’immense responsabilité de l’OTAN. La démocratie (là, version nazifiée!) qu’incarne le corrompu Zelinski, est un prétexte usé jusqu’à la corde, mais sert encore pour détourner les richesses de nos pays et détruire l’Ukraine avec un semblant de moralité. Combien de lits d’hôpital, combien d’années de pension payerait-on pour le prix des canons Caesar envoyés à Kiyv pour bombarder les civils pro-russes ?

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