L’alternative reste possible !

le 10 mai 2017

"L’élection de l'Assemblée nationale est une occasion de poser la question d'une nouvelle politique sociale, démocratique et environnementale."

Dimanche soir, le républicanisme a une nouvelle fois barré la route au nationalisme autoritaire. Moins nettement qu’en d’autres occasions et sans enthousiasme pour le projet de M. Macron. Nous nous réjouissons sans réserve d’avoir repoussé l’extrême droite aux lisières du pouvoir, mais ce soulagement dit exactement la maladie chronique qui ronge notre société. Que l’extrême droite ne cesse de progresser jusqu’à rassembler plus de dix millions de suffrages montre l’étendue des fractures qui ébranlent la République. Que plus du quart des citoyens inscrits sur les listes électorales ne se soient pas déplacés et que quatre millions aient émis un vote blanc ou nul dit beaucoup de la défiance envers un projet peu clair, mélange de blairisme et d’accommodements, non pas avec l’Europe, mais avec des politiques européennes qui organisent la concurrence de tous contre tous. Que plus des deux tiers de celles et ceux qui ont choisi M. Macron aient préféré voter pour quelqu’un d’autre en dit long sur les conditions de cette campagne électorale et de cette élection. Cette constatation ne délégitime en rien l’élection du Président de la République qui, lui, n’a pas manqué de légitimer sa sinistre adversaire en lui adressant « son respect républicain ». Nous ne faisons que constater, avec beaucoup d’autres, la fragilité de son élection dans des circonstances si particulières. Dès le premier tour, M. Macron a bénéficié de voix de citoyens refusant à tout prix un duel Fillon/Le Pen. Au second tour, il était juste et indispensable de barrer la route au parti de la haine, du racisme de la xénophobie, du nationalisme populiste. Le nouveau locataire de l’Elysée ne peut transformer ces votes de « barrage » en adhésion. S’il le faisait en amplifiant les politiques mises en œuvre ces dernières années, il aggraverait encore la crise politique.

Le débat et les actions pour faire reculer ce poison populiste de droite doivent donc redoubler. Son assèchement passe par un nouvelle politique faisant reculer le chômage, la précarité, la misère. Sa banalisation organisée est une grave faute, un couteau lancé dans le visage de La République de la part de celles et ceux qui l’organisent. Nous mettons en garde contre la tentative d’en faire l’opposante privilégiée au nouveau Président pour mieux faire accepter des choix contraires aux intérêts populaires et nationaux. S’enfermer dans une telle mécanique étoufferait la démocratie et aurait pour terrible conséquence de donner toujours plus de force au parti d’extrême droite qui, en changeant à nouveau sa tenue de camouflage, dit sa ferme volonté de conquérir le pouvoir d’Etat.

De ce point de vue, il n’est pas vrai qu’on puisse être à la fois de gauche et de droite. Il serait suicidaire d’enfermer le débat public dans des oppositions sans contenu entre « mondialisation » et « nationalisme » ou « partisans et adversaires de l’Europe » sans jamais parler des contenus politiques, économiques, sociaux, écologiques, culturels, sans jamais dire quels intérêts on sert !

La question de l’alternative politique sociale, démocratique et environnementale reste à l’ordre du jour. L’élection de la nouvelle Assemblée nationale est une occasion de la poser et même de l’installer. Une autre majorité de gauche pourrait, grâce à une unité des forces qui ont soutenu et mené campagne pour Jean Luc Mélenchon, lui donner un indispensable élan. Ce courant large, populaire et divers, porteur d’aspirations neuves, a des services à rendre aux travailleurs, aux créateurs, à la jeunesse de notre pays. Il s’agit de construire une majorité pour empêcher de nouveaux coups de canif au droit du travail, au droit à la retraite, l’amorce d’une privatisation de la protection sociale, l’augmentation de la Contribution Sociale Généralisé, de nouvelles réductions de crédits publics et la suppression de plus de 120 000 agents des services publics ou encore l’application de décisions antisociales sans vote du Parlement durant l’été.

Empêcher tout cela serait déjà beaucoup mais l’ambition progressiste ne saurait s’en tenir là. C’est, en même temps, un projet de changement profond de la situation actuelle qu’il convient de porter, pour une dynamique nationale en faveur de votes « pour », dans chaque circonscription. Faire du neuf consisterait à partager les richesses en faveur de l’amélioration de la vie quotidienne et du bien commun, à donner une puissante impulsion écologique, à faire vivre un renouveau de la démocratie, à la promotion de la création, de la culture et de l’éducation, à une France active pour la paix, le désarmement et la coopération, rejetant les traités de libre échanges antisociaux et anti-environnementaux.

Les élections législatives sont à portée d’entente et d’unité, comme le souhaitent ardemment les 7 millions de femmes, d’hommes, de jeunes qui ont fait irruption sur la scène politique le 23 avril dernier. Ils n’entendent pas en rester là et disparaître comme un météore. Que les forces qui ont contribué au résultat de la candidature de Jean-Luc Mélenchon se retrouvent avec la seule ambition de répondre à cette attente populaire, en désignant, dans chaque circonscription, la candidate, le candidat le mieux à même d’incarner l’espoir commun et de l’emporter. Si toutes ces forces, et d’autres encore, le veulent, elles le pourront.


8 commentaires


pierre 11 mai 2017 à 8 h 45 min

Scrutin uninominal majoritaire à 2 tours par circonscription…
Les partis désunis ne vont pas envoyer grand monde à l’Assemblée…

valérie Heymann 12 mai 2017 à 22 h 20 min

Merci pour ce message rassembleur à l’ambition collective ! Derrière le programme l’Avenir en Commun, porté par ces 7 millions de cris, nous devons faire acte, pour ces élections législatives, de courage, de lucidité car au-delà des clivages de clochers, il en va de la crédibilité de ce formidable score que nous portons tous à bout de bras !

Maurel solange 13 mai 2017 à 9 h 06 min

“Les élections législatives sont à portée d’entente et d’unité, comme le souhaitent ardemment les 7 millions de femmes, d’hommes, de jeunes qui ont fait irruption sur la scène politique le 23 avril dernier”.
Vous faites dire à ces 7 millions, ce qui vous convient conformément à la langue politique de bois habituelle.
Moi qui ne parle qu’en mon nom, je peux vous dire que je n’ai pas voté pour “l’entente et l’unité” mais pour un programme qui s’appelle l’Avenir en Commun.Je n’ai pas l’intention de le renier, et j’apprécierais que le PCF qui l’a soutenu ne le renie pas comme l’ont fait Dupont Aignan, Baroin, Cambadélis avec le leur.

DOUCET anne-marie 13 mai 2017 à 20 h 18 min

je suis très déçue de l’attitude de J.L.Mélenchon , qui veut coûte que coûte être présent partout , même face à des candidats communistes ,comme par exemple Le candidat Le COQ et bien ailleurs , pour moi ce n’est pas correct . ,
j’ai peut-être raté quelque chose , j’ai 88 ans et n’aies pas tout compris peut-être ?… … ..
mais je pense sincèrement qu’à ce jeu dangereux , nous n’aurons plus de députés communistes à l’assemblée , ce qui est très grave pour la démocratie . Cependant les communistes au nombre de 53% qui ont choisi la motion 1 , ont aussi leur mot à dire et doivent faire en sorte d’éclaircir cette situation , étant assez nombreux ils peuvent peser , ce que je souhaite .Je suis bien certaine que nous ” electeurs ” n’ont pas voulu cela , il faut peut-être en tenir compte . anne-marie

Ce serait pour nous tous une grande déception , qu’on se le dise .

chb 14 mai 2017 à 20 h 59 min

Pas sûr que la F-I de Mélenchon, avec son intransigeance dommageable (écho de celle du PCF, d’ailleurs), pique autant de sièges que les accords électoraux entre PS et PC de ces dernières années. Ceux-ci, qui devaient sauver les meubles par-ci par-là, ont accompagné la dégringolade quand elles ne l’ont pas provoquée.
L’appel à voter Macron, par des militants qui le combattirent et devront encore le combattre, laissera aussi des traces ; c’est un élément de discorde, d’abord entre les deux formations, mais aussi entre le PC et ses électeurs traditionnels.
Après la loi Macron, la loi Macron(ds)-Valls-elKhomri, y aura-t-il une loi Macron-Hart cet été, et des lois Macron-Medef aussi ? Le nouveau président, chouchou et avatar du précédent, pourra-t-il continuer l’oeuvre belliciste contre les palestiniens, les syriens, les africains ? La France va-t-elle se conduire en caniche de Washington pendant encore 5 longues années, coups de pied au c* inclus ?
L’enjeu est important et implique une réussite de ces législatives, fût-elle au prix du partage de quelques places d’élus avec la seule force de gauche de la présidentielle.

chb 15 mai 2017 à 23 h 19 min

L’alternative de gauche reste un voeu pieux et un brin hypocrite, si chaque composante campe sur ses pas si vertueuses positions, et que la gauche part en ordre dispersé.
Le site wsws.org, 4° internationale, met des mots très durs (mais réalistes ?) sur cette déception attendue :
“Face à un président qui promet de mener une politique militariste, sécuritaire, et d’austérité, qui s’allie avec l’Union européenne, et qui adresse un « salut républicain » au FN et à Marine Le Pen, ces querelles mesquines sont irresponsables et réactionnaires. Elles trahissent l’abdication totale par la FI et les autres forces dans son entourage de leurs responsabilités de présenter une perspective sur laquelle s’opposer à Macron.
“Cette abdication n’est pas, toutefois, l’expression d’une simple erreur tactique, mais d’intérêts de classe matériels, profondément hostiles envers la classe ouvrière. Les appareils de la FI, du NPA et du PCF, recrutés auprès de sections aisées des classes moyennes, orbitent depuis des décennies autour du PS, dont ils dépendent pour préserver leurs privilèges et leur accès aux centres du pouvoir étatique en France.”

Du coup, l’alternative pour sauvegarder les intérêts du peuple / des prolos / des gens, c’est rien de moins que la révolution. Cette issue-là, évacuée par le PCF depuis looooongtemps, verrait aussi des insurgés côté FN : incertain.

alain harrison 17 mai 2017 à 0 h 25 min

Bonjour.

5 mai 2017 
Les discussions sont âpres, mais…
Une (heureuse) désescalade entre le PCF et la FI en vue des législatives ?

Pierre LAURENT (PCF) Martine Billard, Raphaël Qnouch, Francis Parny, Manuel Bompard (FI)
Tandis que le torchon brûle entre la FI et le PCF en raison de l’utilisation frauduleuse par ce dernier de la photo de Jean-Luc Mélenchon sur ses affiches (avec élimination du logo de la FI (1), des contacts sont pris, les discussions semblent avancer.
Nous donnons à lire ci-après les courriers échangés entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon les 3 et 4 mai 2017.
LGS

Lire la correspondance…..après vous jugerez.
Honnêteté et intégrité

alain harrison 23 mai 2017 à 22 h 02 min

Bonjour.

Je crois qu’il serait utile de mettre en relief les votes des deux tours afin que chacun puisse en prendre la mesure. Et pourquoi pas sur votre blog M. Le Hyaric.

Comme argument, vous signalez que le FN a récolté 10 millions de vote et que JLM 7 millions.

Bien des chiffres sont sortis et des interprétations.
Je crois nécessaire de faire le point sur les rapports de forces des votes des deux tours (de chiffres).
Déjà, on ne sait plus de ce qui en est au juste. On n’oublie vite et mélange facilement les interprétations des résultats.

C’est à vous de voir M. Le Hyaric. Mais votre site est assez visité pour que cela en val la peine.

10 millions de suffrage pour Le Pen au 2è tour (?!) ou au premier ?
7 millions pour JLM au premier.

Une synthèse, il me semble que ça vaut la peine ici sur votre blog.

Un coup d’oeil global.

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