Affronter ensemble ce nouveau moment !

le 1 août 2016

Des milliers de personnes rassemblées à Saint-Etienne-du-Rouvray pour l'hommage à Jacques Hamel / AFP

Face aux projets guerriers, sanguinaires du califat Daech, le pire serait de tomber dans son piège : celui des divisions accentuées, des flammes de la haine, de l’étouffoir sur les libertés, de la culture de la peur. Les valeurs fondamentales de notre République permettraient de solidariser le peuple dans sa diversité pour faire front. Mais à force de les bafouer, à force d’avoir théorisé l’indispensable compétitivité au lieu du projet d’égalité, à force de se faire élire sur un programme pour les gens pour en appliquer un autre au service de la minorité des possédants, les partis dominants ont fragilisé, décrédibilisé l’action politique, le sens de l’Etat.

Voilà qui explique les défiances actuelles alors qu’une mobilisation populaire, sociale et culturelle contre les attentats serait tant nécessaire. Pire peut être, le pouvoir donne l’impression d’être désemparé. Et l’expérience du projet de déchéance de nationalité, repris à l’automne sur pression de la droite, montre que ce n’est pas en cédant en permanence de ce côté que l’on restaure sa confiance et son autorité. D’autant qu’une bonne partie de la droite française franchit un à un tous les paliers qui mènent vers l’extrême. Un pas supplémentaire vient d’être franchi. Mimant à la lettre l’extrême-droite, elle appelle désormais à brûler tout ce que notre droit a su construire de meilleur depuis la Révolution française, allant même jusqu’à surseoir à nos principes constitutionnels. A l’exception des heures sombres où la France ne s’appartenait plus, jamais la demande d’abolir la République et l’Etat de droit n’avait été ainsi exprimée.

Décidément, les desseins de quelques politiciens aventureux répondent à merveille aux souhaits de Daech. Voilà qui rend la situation encore plus périlleuse. Elle offre des espaces nouveaux à n’importe quelle aventure. Elle attise les haines et les racismes au lieu de contribuer à la solidarité et à la cohésion sociale. Elle fragilise encore plus et fracture notre démocratie. Or, l’intelligence, le courage, le sens de l’intérêt général et d’une vision collective, impliquent d’affirmer avec force qu’être français n’est ni une couleur de peau, ni une pratique religieuse. Toutes formes de stigmatisation, de discriminisation est chaque fois une victoire pour les totalitaires illuminés de Daech, utilisant des esprits faibles comme sous-traitants.

La question qui devrait animer la réflexion est de savoir pourquoi, dans une société comme la nôtre, une telle violence se déchaîne, pourquoi des individus se déclarent prêts à sacrifier leur vie pour commettre des meurtres de masse. La poser, y apporter des réponses ne dédouanerait nullement les auteurs de massacres de masse, responsables à part entière de leurs actes de mort. L’occulter contribue à leur laisser les mains libres.

Incontestablement, le terrorisme islamique revendiqué par Daech dessine un contexte qui inspire de tels actes. Ne doutons pas que d’autres idéologies fanatiques peuvent jouer un rôle similaire. La religion n’est ici qu’un prétexte pour masquer une volonté mortifère et sanguinaire qui touche d’abord les musulmans et bien d’autres pays que la France.
Depuis la proclamation de « la fin de l’Histoire » par quelques occidentalistes à la solde de l’impérialisme capitaliste, de tragiques événements gagnent l’Europe après avoir ébranlé le Proche, le Moyen-Orient et l’Afrique, avec la complicité si ce n’est un rôle actif des puissances occidentales. C’est donc en solidarité avec ces peuples, les démocrates et les progressistes et instruits par leur histoire, que nous devons raisonner.

La période appelle à travailler d’arrache-pied pour donner un nouveau cours à notre histoire, du sens et des perspectives politiques afin de combattre efficacement cette « mode du crime » qui repose justement sur un profond nihilisme.
Il y a une certaine urgence à tenter de dégager des lignes d’horizon sans quoi le monde sera de plus en plus invivable.

Le sérieux commanderait d’arrêter de faire croire que des objectifs de sécurité, de « vivre ensemble » et la construction de perspectives communes propres à redonner espoir sont compatibles avec la restriction des libertés individuelles et collectives. Pas plus qu’avec l’austérité et les logiques économiques et sociales du capitalisme exploiteur et pilleur, avec la doxa eurocrate de la Commission européenne, celle du Fond monétaire international, de l’Organisation mondiale du commerce et des traités de libre échange qui ne sont que la codification de cette guerre économique au sein de laquelle naissent ces monstres.

Un des grands principes du dogme néolibéral est justement que « la société n’existe pas », comme l’a si bien dit Mme Thatcher. Il postule que la vie commune des femmes et des hommes n’est que l’agrégat d’individualités laissées au vent des chances et opportunités que leur laisse le marché capitaliste ; une somme des compétiteurs chargés individuellement de « s’en sortir » en tirant partie, tant que faire se peut, des structures inégalitaires qui charpentent aussi bien les Etats modernes que les institutions économiques.

Dans ce schéma, la puissance publique est réduite à ses fonctions régaliennes, armée, police, renseignement, justice, qui tendent par ailleurs à la privatisation dans les pays les plus avancés dans cette voie dé-civilisationelle. On observe ainsi comment le terrorisme fanatique peut servir les desseins d’un projet politique antisocial, sécuritaire et de compétition généralisée entre les êtres humains.

Le nouvel âge dans lequel nous entrons indique à tous les progressistes, à tous ceux qui refusent d’être pris en tenaille entre deux enfers – l’hyper- sécuritaire et le terrorisme- de construire un projet social, écologique et démocratique de rupture pour renouer les liens entre les citoyens, les peuples et l’engagement politique. Ce n’est certes pas en balayant la parole populaire, comme vient de le faire le gouvernement en imposant sa loi de précarisation du travail, que nous y parviendrons.

Forte de ses acquis démocratiques, culturels et sociaux, la France peut rendre possibles ce saut qualitatif, révolutionnaire, ce dépassement vers des jours meilleurs. Écorner notre état de droit est la pire des options. Celle qui pousserait à l’explosion de la société française. Nous progresserons au contraire en usant de nos libertés pour discuter, échanger, bâtir de nouvelles espérance, manifester la souveraineté populaire dans les rues comme dans les urnes, porter haut le grand drapeau de la solidarité internationale des peuples pour la justice, la liberté, la paix. Dans de telles circonstances, la réussite d’une fête de l’Humanité plus ouverte, plus fraternelle, riche de millions de conversations et de milles débats.

Nb : voir les déclarations de N Sarkozy, L Wauquiez, D Douillet, H. Gaino, E Ciotti, C Estrosi, A Juppé


31 commentaires


BONNET 2 août 2016 à 18 h 35 min

notre armée tue des innocents,4000 sorties aeriennes 600 tirs avoués 1100 civils décédés:arretons l’escalade,jamais la guerre

Millicent 8 août 2016 à 11 h 02 min

Thanks for writing such an ea-tot-sundersyand article on this topic.

pellizzoni 3 août 2016 à 15 h 13 min

que devons nous faire contre cette barbarie, ? Quelle est la solution , l’urgence est aux propositions concrètes, la France est un pays laîc ,dommage qu’il n’y ait plus un général de Gaulle pour envisager des mesures responsables , le, gouvernement est dépassé et impuissant , nous aspirons à la paix , quand arrivera au pouvoir un homme à poigne capable de prendre les bonnes décisions ?

chb 3 août 2016 à 16 h 19 min

Pellizzoni, vous ne joueriez pas “Les grenouilles qui demandent un roi” ?
L’homme à poigne – bien des mauvais souvenirs s’estompent sur MonGénéral – risque de devenir fou furieux comme un Erdogan, ou falot cynique et menteur comme tant d’autres…
Ni dieu ni tribun, le peuple avant tout : suffit de l’informer, et de lui donner les moyens. Pas une petite affaire, j’en conviens, mais indispensable et trop longtemps attendu.

Joad 3 août 2016 à 22 h 15 min

Oui arrêtons de croire à l’homme (ou la femme) providentiel qui va apparaître par enchantement pour régler tous nos problèmes !

Caro 8 août 2016 à 11 h 12 min

A good many valueblas you’ve given me.

Groussain 8 août 2016 à 11 h 42 min

Créer un monde de paix aux mains d’hommes et d’institutions belliqueux, c’est une grande illusion.Sans changement de paradigmes économique et politique, la situation actuelle ne fera qu’empirer.

Brandie 8 août 2016 à 15 h 03 min

Shiver me timbers, them’s some great inoromatifn.

Caro 13 octobre 2016 à 12 h 29 min

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Kamryn 14 octobre 2016 à 18 h 42 min

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Vinny 4 novembre 2016 à 2 h 03 min

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